Dénoncée à maintes reprises aussi bien par des malades que par des associations, la pénurie de médicaments donne lieu à une polémique, pour l'heure, stérile entre professionnels du secteur et pouvoirs publics. Si pour les premiers la solution consiste à encourager la production, les seconds persistent dans la voie de l'importation. La crise qui secoue la filière du médicament en Algérie ne semble pas près de connaître une issue. L'entêtement des pouvoirs publics à n'engager aucune concertation avec les professionnels de l'industrie ne fait qu'envenimer les choses. C'est du moins le constat fait, ce matin, par le président de la Société algérienne de pharmacie (SAP), sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale. Farid Benhamdine préconise comme solution à la crise de favoriser la production locale. Selon lui, cet impératif passe avant tout par le lancement de «mesures incitatives». Ces mesures devront être faites «en concertation» avec les professionnels de la filière. Or, déplore l'invité de la radio, il y a un «déficit» de concertation, aussi bien de la part du ministère de la Santé que du ministère du Commerce et du Travail qui «refusent de discuter avec les professionnels. Et je le regrette bien», note-t-il. M. Benhamdine n'y est pas allé de main morte pour critiquer vigoureusement les pouvoirs centraux qui «ne font rien pour favoriser la production locale du médicament». Comment ? «Parce qu'on décide d'un prix et on donne une marge à la production. Or, à la production on n'a pas à donner une marge (bénéficiaire).» Cela dit, M. Benhamdine pense qu'«il est plus pratique d'appliquer la marge bénéficiaire sur les médicaments au moment de l'enregistrement et non pas au moment de la production». Et dans ce cas précis, si les médicaments «arrivent sur le marché moins cher, j'en serai bien content». A défaut de quoi, «les marges bénéficiaires en vigueur n'y feront rien», estime l'intervenant. A propos de la prochaine création de l'Agence nationale du médicament dont le texte de loi sera examiné incessamment par le Sénat, M. Benhamdine dira d'emblée qu'il «conteste» le mode de gestion de cette agence basée sur une sorte de directoire composé de directeurs nommés par décret présidentiel, dont l'un d'eux sera désigné en qualité de président du directoire. Le hic, selon M. Benhamdine, se situe dans le fait que les responsabilités de tout un chacun se trouveraient «diluées» et on aura beau chercher la responsabilité d'untel, on n'y parviendra pas. «Je conteste le mode du directoire», déclare-t-il. Pour autant, le président de la SAP se félicite tout de même de la naissance de cette agence dont la création «ne signifie en aucune façon un désengagement de l'Etat» vis-à-vis de la régulation du marché. «Ce n'est pas une volonté de privatiser le marché.» «L'agence est une institution indépendante du ministère de tutelle», insiste l'invité de la radio qui dément la thèse selon laquelle «seul le ministère de la Santé est habilité à assurer le contrôle». Encore faut-il la doter de tous les moyens et prérogatives nécessaires, car il serait inconcevable, estime-t-il, de demander à cette «agence de satisfaire toutes les exigences, si elle n'a pas tous les moyens pour remplir sa mission». l « Je ne prendrai pas de décision administrative pour la réduction de l'importation des médicaments. Nous continuerons d'importer tout ce dont le marché algérien a besoin». Cette déclaration de Amar Tou, ministre de la santé, hier, devant le sénat, n'est pas pour apaiser les craintes des professionnels du secteur qui redoutent que la facture déjà salée, ne soit encore revue à la hausse. Les pouvoirs publics continuent ainsi de faire la sourde oreille aux appels des professionnels à favoriser la production locale par le biais de «mesures incitatives». Seule solution pour le ministre pour réduire la facture est de «réduire l'assurance sociale». Des déclarations qui ne sont pas pour apaiser les craintes des maladesnotamment ni des producteurs nationaux. A noter que l'Algérie importe environ 70% de ses besoins et exporte 30% de sa production.