Tradition n La femme est plutôt très réticente quand il s'agit de reprendre le travail après 60 ans. Cependant, ces deux dernières décennies ont donné lieu à une mutation profonde. Des milliers de femmes se sont retrouvées veuves à cause du terrorisme. Elles se sont vues obligées de sortir pour aller chercher du travail. Nos grand-mères sortent, donc, pour travailler. Elles sont souvent femmes de ménage, gardes-malades, garde d'enfants… Il leur arrive même d'obtenir un travail dans un bureau, si, bien entendu, elles ont les qualifications requises. C'est le cas de Souad, 60 ans, qui est archiviste dans un quotidien national. Elle travaillait comme agent de bureau dans une boîte étatique. Aujourd'hui, elle vit seule avec sa fille de 18 ans. Après le décès de son mari, elle a été obligée de chercher un emploi pour arriver à subvenir aux besoins de sa fille car elle habite dans une maison louée et sa retraite ne suffit pas du tout, selon elle, à la faire vivre dignement avec sa fille. Hadja Zohra est femme de ménage dans une supérette à Baïnem. Âgée de 61 ans, elle n'a pas trouvé mieux que de travailler pour vivre et faire vivre ses trois filles toujours à la maison et ses deux fils qui ont sombré dans la délinquance. «Que voulez-vous que je fasse ? Les temps ont changé. Au lieu que mes enfants travaillent pour me prendre en charge, c'est moi qui les fais vivre. L'aîné est âgé de 38 ans, célibataire, et c'est moi qui lui donne de l'argent pour acheter parfois même sa dose… de drogue. Je ne le fais pas de gaieté de cœur, mais c'est d'abord mon fils...», justifie-t-elle. Certaines femmes, inspirant confiance vu leur âge, sont employées par certaines familles aisées comme gardes-malades ou pour garder les enfants de couples qui travaillent. Le fait que, de plus en plus, de couples travaillent et sont contraints de rester toute la journée dehors a fait le bonheur de ces grands-mères qui ne trouvent aucun mal à trouver du travail. Mais en dehors de ces petits métiers, le travail des retraités reste plus masculin que féminin en Algérie. Certaines femmes instruites continuent cependant à travailler au-delà de l'âge de la retraite. C'est le cas de Aïcha, 66 ans. Après plus de 36 ans passés dans les classes à inculquer le savoir aux élèves, elle n'a rien perdu de ses facultés et de sa volonté de continuer à éduquer les générations. Retraitée depuis 1997, elle donne des cours de soutien à domicile en langue arabe, d'histoire et d'éducation islamique aux élèves du primaire et du moyen. Ayant une vingtaine de familles chez lesquelles elle se déplace, à tour de rôle, pour les cours des enfants, Aïcha dit qu'elle perçoit 150 DA l'heure. Mais elle ne veut pas divulguer son «chiffre d'affaires» exact. Cette dame portant le hidjab est véhiculée, a 4 enfants et 6 petits-enfants. Elle exerce ce métier depuis son départ à la retraite. Elle affirme que c'est d'abord l'éducation des petits enfants qui l'intéresse. «L'enseignement est d'abord une responsabilité. Alors pourquoi ne pas mettre mon expérience à la disposition des enfants ?», explique-t-elle…