Une place en finale, une ! Dans quelques heures, l'Allemagne et la Turquie vont s'affronter au parc Saint-Jacques de Bâle pour décrocher une place en finale dimanche au stade Ernest-Happel de Vienne. Toutes les données de ce match sont favorables aux Allemands devant le grand nombre d'absents qui frappe la sélection turque au point d'amener Fatih Terim à pousser la boutade jusqu'à dire qu'il utilisera son troisième gardien, Tolga Zengin du Trabzonspor, comme joueur de champ. Certains journalistes sont alors tombés dans le panneau obligeant le sélectionneur turc à rectifier le tir lors d'une conférence de presse, tenue hier. Seulement voilà, l'équipe au croissant n'a rien à perdre dans des conditions pareilles, elle qui se trouve à un match de la première finale de son histoire lors d'une compétition européenne. Outre l'absence de plusieurs joueurs pour blessures, la bande à Terim aura une journée en moins de récupération sans oublier qu'elle a joué une prolongation, ce qui n'est pas le cas de la Mannschaftt qui avance avec certitude vers sa sixième finale dont trois victoires déjà à son palmarès, le premier d'Europe. Les Allemands avancent tout de même avec méfiance vis-à-vis d'une équipe qui a été capable de renverser la vapeur de manière extraordinaire lors de ses trois dernières rencontres. Avec le gardien Volkan, Tunçay, Asik et Arda suspendus, Nihat, Güngos, Servet et Emre blessés et Metin incertain, Joachim Löw, le sélectionneur allemand, reste pourtant prudent, lui qui connaît assez bien le football turc pour avoir séjourné du côté du Bosphore chez Fenerbahce (1998/1999) puis Adanspor. Pour lui, si la Turquie est parvenue à ce stade de la compétition, ce n'est pas le fait du hasard, même si le miracle a eu lieu à trois reprises. La bande à Terim a prouvé qu'elle pouvait marquer à tout moment en faisant preuve d'un mental d'acier faisant dire à son sélectionneur que le miracle n'existe pas et qu'en footbal, il n'y a que trois résultats : une victoire, une défaite ou un nul. La Turquie d'il y a dix ou quinze ans n'est plus celle d'aujourd'hui. Outre les progrès techniques qui ont vu le football professionnel prendre une envolée remarquable, les clubs et la sélection ont pris confiance en leurs possibilités et vont régulièrement défier les autres footballs du continent. Einstein aurait dit : «Il y a deux manières de vivre. Croire que tout tient du miracle, ou que rien n'est un miracle.» Et c'est en cette deuxième théorie que Terim croit, celle de croire au travail et au sacrifice pour arriver à un résultat. Même si la Turquie ne réussit pas, ce soir, à passer sur le dos de l'ogre allemand, elle aura nuancé sa défaite tout en gagnant une équipe d'avenir, qui a de l'ambition d'aller encore plus loin dans les prochaines compétitions. Maintenant si elle gagne, ce sera étonnant de parler de miracle. En tous les cas, plus à ce stade.