La seconde journée de l'Euro-2008, disputée hier côté autrichien, est une copie conforme à la première en tout point de vue : défaite de l'autre pays organisateur, sur le même score de (0 - 1), comme ce fut le cas pour la Suisse face à la République tchèque, et victoire du favori, l'Allemagne, également avec le même résultat que celui du Portugal sur la Turquie (2 à 0) contre la Pologne. Ainsi, la poisse poursuit les pays hôtes pour leur entrée en matière, puisque l'Autriche, dans son stade d'Ernst-Happel de Vienne, qui accueillera la finale le 29 de ce mois, s'est inclinée devant la Croatie sur une seule réalisation de Luka Modric sur penalty, le premier de la compétition, dès la quatrième minute de jeu. Tétanisés par l'enjeu et la peur du bide, les camarades de Prödl passèrent même à côté de la correction tellement ils étaient dominés de la tête et des épaules par des Croates vraiment un cran au-dessus sur tous les plans. Mais voilà qu'en seconde mi-temps, c'est la métamorphose avec une équipe autrichienne plus audacieuse, emmenée par un Vastic et un Korkmaz tonitruants, qui quitte son statut de la plus faible sélection de la compétition pour pousser des Croates, terrassés de fatigue, dans leurs derniers retranchements. La domination autrichienne est outrageuse, notamment dans les vingt dernières minutes, mais, comme pour la Suisse, le but ne viendra pas. La bande à Hickersberger n'a pas démérité, mais elle devra se rattraper lors des deux matchs suivants, même si le voisin et grand frère allemand a fait une entrée fracassante quelques heures plus tard au stade Wörthersee à Klagenfurt, en dominant la Pologne (2 - 0). Sur la dynamique ascendante du dernier Mondial qu'elle a organisé en 2006 et dont elle a occupé la troisième place, la Mannschaft s'est déjà placée parmi les favoris attendus de cet Euro-2008 en ne faisant pas de détail devant une Pologne provocatrice et pleine de promesses pour son retour progressif sur la scène internationale. La belle allemande a bien roulé des mécaniques en alignant dès le coup d'envoi trois attaquants, au lieu de deux comme l'attendaient les spécialistes, avec la force émergente Mario Gomez, le baroudeur de Stuttgart, et le duo du Bayern Münich, Klose - Podolski. Et c'est ce dernier qui s'illustra en marquant le premier doublé de la compétition, sans pour autant célébrer cet exploit ou afficher la moindre joie par respect à ses origines polonaises ! Mais au-delà des deux réalisations allemandes, c'est la démonstration de force, notamment en seconde mi-temps, et le paquet d'occasions ratées des hommes de Joachim Löw qui ont fait forte impression. C'est une équipe plus mûre et plus consistante, enthousiaste et offensive (35 buts inscrits en 12 matchs des éliminatoires dont un 13 à 0 contre Saint-Marin) qui s'est produite presque chez elle hier à Klagenfurt, même si ce sont les Polonais qui ont fait le plein hier. A moins d'une panne électrique, comme cela peut arriver dans une rutilante cylindrée, à l'image de ce que furent les matchs retour contre la Tchéquie (0 - 3) ou le nul à Chypre (1 - 1) en éliminatoires, l'Allemagne arrive à point pour prétendre au sacre final. Avec l'avantage d'avoir profité de deux mois de trêve hivernale et un statut à défendre, les coéquipiers du vétéran gardien Lehmann, déjà impressionnants depuis le dernier Mondial, voudront bien se racheter de leurs deux dernières éditions en 2000 et 2004 où ils ont été éliminés dès le premier tour. Le succès contre la Pologne a encore forgé le mental déjà légendaire d'une équipe qui gagne en expérience malgré la présence de la jeune classe des Podolski (22 ans), Gomez (22 ans), Schweinsteiger (23 ans), Jansen (22 ans) ou Mertesacker (24 ans) qui visent, ni plus ni moins, que le dernier carré. Et, de nouveau optimistes, les supporters se mettent à rêver d'une quatrième couronne, eux qui détiennent déjà le record des victoires dans cette compétition. Roule ma belle allemande, roule !