Résumé de la 2e partie n Béatrice réalise sa demeure d'après sa propre conception. Une somptueuse villa qui a coûté des millions de francs or. Béatrice décide, pour certains décors, de faire venir des ouvriers spécialisés capables de travailler comme dans les siècles passés. Mais ils ont besoin de temps. Trop long ! Béatrice les renvoie et engage des experts en plâtre qui truqueront les morceaux manquants... Indépendamment de la villa, il y a les jardins : là aussi, Béatrice veut recréer toutes les ambiances qui l'ont enchantée dans ses voyages. Cela donnera différents parcs, à l'anglaise, à la française, à la japonaise, à l'espagnole. En tout cas, c'est ce qu'elle a prévu. Vient le jour tant espéré de l'installation. Béatrice est dans ses meubles. Il lui faut soixante domestiques pour répondre à toutes ses exigences. Et quelles exigences ! Béatrice raffole des perruches : elle en possède des centaines. Il lui faut quelqu'un pour s'en occuper : ce sera l'ex-général Obolenski, des armées du tsar. Le comte de Thau, lui, règne sur le régiment des jardiniers... Mieux encore, la manucure de Béatrice – qui ne peut tout de même pas passer ses journées entières à limer les ongles de sa maîtresse – est chargée, dans ses moments de liberté, de limer les griffes des nombreux canaris, qui n'en demandent pas tant ! Devant ces exigences et ces caprices inhabituels, les domestiques s'ingénient à contrarier les volontés de leur maîtresse. On dit que le chauffeur lui fait assez souvent le «coup de la panne», prétendant que la voiture refuse d'avancer, et que Béatrice se voit obligée de regagner la villa à pied... Son bonheur dans cette villa ne durera pourtant que deux ou trois ans. 1915 : Maurice «Frousse» Ephrussi quitte ce bas monde et sa chère Béatrice. Du coup, elle se désintéresse de la villa et n'y remet plus les pieds. Sans doute ne supporte-t-elle pas de revoir le décor des fêtes fastueuses qu'elle y a données... C'était l'époque où elle obtenait que les trains fassent des arrêts près de chez elle pour permettre à ses invités de rejoindre la villa. Ces soirs-là, des orchestres entiers de Tsiganes arrivaient directement de Hongrie... Belle époque définitivement révolue... Béatrice, qui rappelons-le est née en 1864, finit par s'éteindre, elle aussi, en 1934, à l'âge de soixante-dix ans. Bien sûr, elle a prévu l'avenir de sa villa. C'est pourquoi au mois d'avril les doctes membres de l'Institut sont réunis au 23, quai Conti, avec leurs barbes et leurs Légions d'honneur. Ils doivent entendre une communication exceptionnelle du secrétaire général, Charles-Marie Widor, organiste fameux. Celui-ci prend la parole pour annoncer que la défunte Béatrice Ephrussi de Rothschild vient de léguer sa villa de Saint-Jean-Cap-Ferrat à l'Institut. Il précise que la villa porte un nom, Villa Île-de-France, et qu'elle lègue, en même temps que le bâtiment, tous les meubles qu'elle contient, les objets d'art et les jardins. (à suivre...)