Une majorité de Turcs s'oppose à une interdiction du parti au pouvoir en Turquie, soupçonné d'activités antilaïques, et pense qu'un verdict de la justice en faveur de sa dissolution provoquerait des turbulences dans le pays, selon un sondage publié ce matin. 53,3% des sondés se disent opposés à une interdiction du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) tandis que 34,3% y sont favorables. Le sondage d'opinion fait ressortir, par ailleurs, que l'AKP est toujours le premier parti du pays en dépit de la procédure de dissolution à laquelle il est confronté. Selon l'enquête, 43,4% des sondés assurent qu'ils voteraient pour l'AKP si des élections législatives étaient organisées aujourd'hui, contre 18,1% pour la principale force pro-laïque au Parlement, le Parti républicain du peuple (CHP). L'AKP a remporté les dernières législatives de juillet 2007 avec 47% des suffrages et le prochain scrutin est normalement prévu pour 2011. L'enquête a été réalisée les 14 et 15 juin sur un échantillon représentatif de 1 195 personnes. Outre l'interdiction de l'AKP, le procureur de la cour de cassation, qui a engagé la procédure en mars, cherche à interdire d'activités politiques pour cinq ans, quelque 71 personnalités, dont le président turc Abdullah Gül, un ancien cadre de l'AKP, et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. L'AKP a rejeté ces accusations en déclarant être la cible d'une procédure à motivation politique et a réaffirmé son engagement en faveur de la laïcité.