Déficit n Les profils recherchés par les sociétés multinationales et privées ne représentent, en réalité, que 5% des compétences qu'offre le marché national ! Après plus de trois décennies d'économie administrée, il est évidemment difficile de passer à une économie libérale sans que cela puisse avoir des conséquences sur les modes de gestion des entreprises et notamment en matière de ressources humaines qualifiées. Les années d'instabilité et d'insécurité ont aussi pesé sur la mutation imposée, il faut l'admettre, par les bouleversements enregistrés sur la scène internationale. L'ouverture de l'économie nationale à l'investissement privé national et étranger depuis le début des années 2000, a été accompagnée par l'arrivée en masse des compagnies multinationales qui «cherchent au même moment, les mêmes profils». L'embellie de la situation macroéconomique, grâce à l'envolée des prix du pétrole, et l'attractivité du marché national n'a pas laissé indifférents les grands opérateurs exerçant dans divers secteurs d'activité. Selon l'enquête menée par le bureau d'étude Lincoln et associés, les profils recherchés constituent une minorité sur le marché du travail. «La totalité des sociétés multinationales et privées sont en course pour quasiment les mêmes profils qui ne représentent en réalité que 5% des compétences qu'offre le marché national», fait remarquer Samir Toumi, directeur de l'agence Team Consulting International, commanditaire de l'enquête. Les critères exigés en matière de formation universitaire, d'expérience professionnelle et de capacité à s'adapter aux spécificités du travail au sein des multinationales sont ainsi résumés par l'enquête en question sous la qualification de «combinaison gagnante». Il s'agit «d'être âgé entre 24 et 38 ans, anglophone, avoir une expérience professionnelle en multinationale, avoir fait des études supérieures», fait ressortir l'enquête. Une expérience ou des études supérieures à l'étranger constituent également «un avantage certain», d'autant que la maîtrise du domaine d'activité dans une langue étrangère, notamment l'anglais, est perçue comme une condition sine qua non pour le recrutement des cadres par les multinationales. Cette situation s'est répercutée sur l'apparition d'une grande tension sur le marché du travail. «La crise est vécue sur aussi bien la ressource humaine qualifiée que sur les nouveaux secteurs d'activité ayant accompagné cette mutation», fait remarquer notre interlocuteur. Le principal problème, précise-t-il, consiste en la non-disponibilité de profils seniors (5 années d'expérience et plus), d'où une énorme difficulté à pourvoir certaines fonctions de l'entreprise telles que la gestion des ressources humaines, le marketing, Supply Chain, Commerciaux grands comptes, technico-commerciaux, contrôle de gestion… Par ailleurs, l'émergence de nouveaux métiers liés à l'investissement a encore compliqué la situation, d'autant que les universités algériennes et autres structures de formation ne se sont pas préparées à cette nouvelle mutation rapide. Fallait-il alerter ces établissements quelques années auparavant ? C'est toute la question…