Départ n Chaque jour, des cadres, des chercheurs et des enseignants quittent le pays pour des cieux plus cléments. L'alerte a été lancée par la Fédération méditerranéenne des ressources humaines (Fmrh) : l'Algérie risque de perdre toutes ses compétences dans les vint-cinq prochaines années. Pis : «On va perdre les compétences déjà acquises et celles en développement», avertit l'Association algérienne des ressources humaines, membre de la Fmrh. Le pays continue ainsi à être un «réservoir» de compétences pour les pays riches. Mis à part les «départs» qu'on annonce de temps en temps, les statistiques concernant ce phénomène sont rares. Les plus récentes remontent à l'année 2002 et sont livrées par le Conseil national économique et social (Cnes). «Des dizaines de milliers de cadres, intellectuels et scientifiques, dont 3 000 informaticiens, ont fui le pays entre 1992 et 1996. Cette perte représente l'équivalent de ce qu'ont formé les universités algériennes pendant dix ans», a annoncé, en décembre 2002 le Cnes. Suivant une lecture du Conseil, cette «perte» se chiffrait à 40 milliards de dollars nets sachant, précise-t-on, que le coût moyen pour former un diplômé est de 100 000 dollars. Début octobre 2006, le Forum des chefs d'entreprise (FCE) a fait état, qu'en 10 ans, plus de 40 000 chercheurs auraient quitté le pays. Selon un rapport du Cnes, rendu public en juillet 2005, sur un total de 10 000 médecins étrangers émigrés en France, plus de 7 000 sont Algériens, dont 2 000 dans la seule région parisienne. D'après le même rapport, quelque 71 500 diplômés algériens se sont installés en France dans la période 1994-2006. Pour sa part, l'Institut national de la statistique et des études économiques français (Insee) a recensé quelque 99 000 chefs d'entreprise d'origine algérienne en Europe, dont une majorité en France. Aux Etats-Unis, la communauté algérienne composée d'environ 18 000 personnes compte néanmoins 3 000 chercheurs et scientifiques de «très haut rang». A un moment donné, le secteur public, regorgeant de cadres compétents, a vécu une hémorragie sans précédent. L'ancien ministre et ex-P-DG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, a révélé, en 2006, que la Sonatrach a perdu entre 30 et 40% de ses cadres au profit des entreprises étrangères. Une circulaire du ministère de l'Energie interdisant aux employés de Sonatrach de travailler pour des entreprises étrangères activant sur le sol algérien encourageait ces cadres à partir à l'étranger. M. Attar a été catégorique : «Il n'y a pas de stratégie de gestion des ressources humaines dans le secteur pétrolier.» C'est cette «stratégie des ressources humaines» qui fait défaut à plusieurs niveaux, dans tous les domaines.