Quelle est la limite entre le délit économique et l'acte de gestion ? Cette question qui semble tant tourmenter experts et chefs d'entreprise a été au centre du séminaire international de l'association algérienne des ressources humaines (ALGRH). Ainsi, experts algériens et étrangers se sont penchés sur "les limites de la responsabilité civile et pénale des dirigeants d'entreprise face aux exigences de la performance, de la concurrence et aux risques de gestion". Aussi, des communications en rapport avec des thèmes liés aux "droits fondamentaux des travailleurs", à "la responsabilité des dirigeants d'entreprise dans l'atteinte à l'environnement", à "la sécurité et le système management-qualité", ainsi qu'à "la gestion des risques assurances", seront développées par des spécialistes en séances plénières. Ce séminaire se veut, selon le président d'ALGRH, Ahmed Mana, "une occasion de débattre d'une problématique, celle de savoir comment gérer un risque quand on est manager d'une entreprise". Il a ajouté que la méconnaissance de cette problématique "crée des situations déplorables", dans la mesure où, a-t-il expliqué, "beaucoup de managers ne connaissent pas les règles de leur responsabilité, la liberté de leur action et les limites de cette liberté". "Notre objectif est d'apporter une aide concrète aux dirigeants d'entreprise en matière de gestion", a-t-il affirmé. Vincent Chagué, maître de conférences à l'université de Limoges (France), a souligné, dans une communication sur "la protection des droits fondamentaux universels des travailleurs", la nécessité pour toute entreprise d'oeuvrer à "valoriser les compétences" et à "minimiser le risque social". Les ressources humaines constituent, selon le même intervenant, un "pole de compétences que l'entreprise cherche à valoriser". Pour ce qui est des entreprises algériennes, l'intervenant a fait remarquer qu'avec la mondialisation, elles "sont confrontées à l'obligation de performance" et "doivent, de ce fait, gérer au quotidien des risques" pour "assurer leur pérennité". C'est la raison pour laquelle, la gestion des ressources humaines, a-t-il expliqué, constitue l'une des "problématiques essentielles" des entreprise", d'où la nécessité, selon lui, de considérer ces ressources comme un "élément-clé" permettant de "construire des avantages concurrentiels durables".Il faut dire, néanmoins, que l'Algérie fait face à un obstacle de taille. Son potentiel humain subit la saignée de la fuite des cerveaux et la déstabilisation de la structure économique et sociale de la nation. En dix ans, plus de 40 000 chercheurs algériens ont par choix ou par dépit décidé de s'expatrier. En effet, selon une enquête menée par la Fédération méditerranéenne des ressources humaines publiée à l'occasion du séminaire, l'Algérie risque de perdre ce qui reste des cadres de la nation dans les 25 années à venir. Cette enquête réalisée sur le bassin méditerranéen a pris en compte le mouvement migratoire entre la rive sud et la rive nord. Les enquêteurs ont indiqué que le phénomène de la fuite des cerveaux ne concerne pas seulement les compétences déjà acquises, mais aussi celles en voie de développement. En outre, il semble que le défit est à relever dans un environnement ou la chasse aux compétences est le mot d'ordre qui fait tourner le management et les ressources humaines. Cette fédération plaide pour une plus grande intégration de ces cadres dans les entreprises algériennes. Cependant l'Algérie accuse un grand retard que ce soit pour la politique salariale ou l'environnement socioprofessionnel. Ce sera de plus en plus difficile à l'Algérie de rivaliser avec les pays industrialisés qui mènent une chasse organisée aux diplômés du Sud, notamment dans les secteurs de l'informatique et des nouvelles technologies où les Maghrébins sont très appréciés. La mutation des technologies, une panne démographique évidente et un retard dans le formation des élites dans les pays avancés sont des facteurs qui justifient cet intérêt. Alors, les recruteurs se tournent vers certains pays en développement où, à l'inverse, des compétences sont disponibles, alors que les équipements industriels et scientifiques font défaut. L'Algérie fait partie de ces pays réservoirs. Ajouter à cela la dégradation des conditions de vie et du travail en Algérie. En effet à partir du milieu des années 1980 la bureaucratie, la corruption, le favoritisme et l'insécurité ont gangrené la société algérienne dans son ensemble. Ces nuisances sont à l'origine du départ de nombreux Algériens.