Les gens aspergent d'eau les participants. A la fin de la cérémonie, les enfants se retournent contre la femme qui conduisait la procession, l'insultent et lui lancent des pierres. On la bat aussi jusqu'à ce qu'elle pleure. Ce détail, rappelons-le, a déjà été relevé dans les rites kabyles d'Anzar. Les larmes, dit-on, sont l'annonce de la pluie. On a vu dans la mère Bango une ancienne déesse berbère. Ce nom, réalisé également Tango, rappelle le nom de la tante du faux prophète des Ghomara (Berbères du Maroc) H'a Mîm, Tangit (ou Tanqit) sa tante qui était, selon le témoignage de l'historien arabe al Bakrî, une magicienne. Le mot Tango rappelle aussi le mythe d'Antée, le géant africain de la mythologie. Les sources antiques rapportent que Antée vécut à différents endroits de la Libye (le Maghreb actuel) avant de se fixer à Tingi (aujourd'hui Tanger) qui fut le théâtre de ses aventures. A Tingi se trouvait le temple de Poséidon où Antée déposait les crânes des étrangers qu'il tuait. D'après Plutarque, à la mort de Antée, sa femme Tingi eut commerce avec Hercule et un garçon, Sophax, naquit de cette union : c'est lui qui, pour honorer sa mère, donna son nom à la ville de Tingi. Tango et Tangi sont, peut-être, en relation avec le verbe berbère ngi, qui signifie «s'écouler», encore attesté dans de nombreux dialectes berbères.