Après avoir consacré de longues années à l'enseignement, des centaines de pères de famille se retrouvent dans une situation critique risquant leur gagne-pain et celui de leurs enfants. Ayant épuisé tous les moyens, ils ont entamé une grève de la faim comme ultime recours. Certains d'entre eux sont dans un état grave. Venus de l'ensemble des 48 wilayas du pays, les grévistes semblent décidés à aller jusqu'au bout pour arracher leur «droit» à l'intégration et ce, après plusieurs années passées au service de l'éducation nationale. «C'est l'intégration ou la mort», nous a signifié un groupe d'enseignants (en grève de la faim), hier, lors de notre visite au siège du syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) à Alger. Allongés sur des matelas de fortune, leur état de santé s'est gravement détérioré à tel point que certains d'entre eux se sont excusés de ne pouvoir parler de leur situation car ils étaient dans l'incapacité de le faire. «Notre chargé de communication est là pour tout vous expliquer. Quant à nos camarades, ils risquent de perdre conscience d'un moment à l'autre», nous dira un enseignant d'informatique d'un air très fatigué. Une enseignante de philosophie a fait l'effort de se mettre debout pour parler de son cas. «Je suis enseignante contractuelle depuis 14 ans. Et depuis 14 ans il n'y a eu ni concours ni intégration. Je pense qu'il est grand temps de mettre fin à ce marasme. Basta !» «Durant des années, y compris l'année dernière, les contractuels non seulement avaient le droit de postuler au concours de recrutement mais le capital expérience pesait en leur faveur. Cette année, on apprend que l'expérience (les années d'état de service) ne sera pas comptabilisée. C'est aberrant !», dira Hakim D., un enseignant d'histoire, qui est à sa onzième année de service. Là aussi, la décision concernant la non-considération du critère ayant trait à l'expérience professionnelle semble contradictoire, voire injustifiée. «Dans le monde entier, et surtout à l'ère actuelle, le critère numéro un dans le recrutement est l'expérience professionnelle. Faut-il expliquer les choses à nos responsables ou s'agit-il, là, d'une décision politique arbitraire pour couper court à notre action ?», s'est interrogé un enseignant de langue arabe, venu de la wilaya de Mostaganem. Les anomalies ne s'arrêtent pas là, puisque d'autres décisions prises auparavant sont «en contradiction avec la législation du travail». D'après eux, le congé annuel et les primes de rendement (documentation et qualification) ne sont pas accordés aux enseignants exerçant à titre de «contractuel», et cela, contrairement à la loi régissant le monde de travail. Outre cela, expliquent-ils, la titularisation des enseignants contractuels devrait intervenir après une année d'exercice. La question des versements des salaires a également constituée l'une des revendications des «grévistes». «Certains de nos collègues, en l'occurrence ceux de Béjaïa n'ont pas perçu leurs salaires depuis trois années, d'autres des mois. Nous exigeons que les salaires soient réglés mensuellement», a encore ajouté le porte-parole du Conseil national des enseignants contractuels. A noter que, au moment où nous mettons sous presse, on apprend qu'une dizaine de ses enseignants en grève de la faim sont dans un état très critique alors que deux autres ont été transférés à l'hôpital. Cela alors que le ministère de tutelle ne manifeste aucun intérêt pour la question. Comme si le sort de ces fonctionnaires était la dernière de ses préoccupations.