Expansion n Ce n'est plus un petit village. Beni Abbès est devenue, depuis une dizaine d'années, un véritable centre urbain où l'authenticité cohabite avec la modernité. Mais les habitants de Beni Abbès sont conscients de l'importance de leur patrimoine touristique. Ils font preuve d'un civisme exemplaire. Même si l'oasis existe depuis des siècles, aucun acte de vandalisme ou de destruction de la palmeraie n'a été commis. «L'oasis est ouverte aux touristes jour et nuit et l'accès à son ksar est libre, mais aucun jeune de la région n'a, un jour, essayé d'y commettre un acte de destruction», se félicite un guide touristique. «Nous sommes conscients que cette richesse touristique rapporte énormément à notre ville», souligne un jeune habitant riverain de la palmeraie. Les habitants savent aussi se comporter avec les touristes étrangers. Le sourire ne quitte pas leurs lèvres. «Soyez les bienvenus, Messieurs» ou encore «Welcome to Algeria», répètent les jeunes écoliers à l'adresse des visiteurs qui sillonnent les ruelles étroites de la ville. La localité est dotée de toutes les commodités de vie moderne, dont l'électricité, l'eau, les routes bitumées … En tenue traditionnelle ou moderne, les habitants de Beni Abbès se retrouvent devant leurs maisons en groupe de 5 à 10 personnes autour d'une théière. «C'est une tradition dans la région, c'est comme le café pour les habitants du nord du pays», explique Lakhdar, un commerçant de la ville. C'est aussi une manière d'attirer les touristes qui n'hésitent pas à se joindre aux habitants pour savourer une tasse de thé avec le groupe. Les touristes aimant bien se mêler à la population locale, préfèrent s'asseoir à même le sol en croisant les jambes exactement comme le font les autochtones. «C'est ça le tourisme pour nous. Aujourd'hui c'est le tourisme culturel qui est en vogue. Le touriste occidental veut d'abord découvrir les traditions, les coutumes et les habitudes des populations locales. Les hôtels de luxe, les piscines et autres, c'est secondaire pour lui pour la simple raison que ce n'est pas ce qui manque dans son pays», souligne Abdellah , 52 ans et natif de Beni Abbès. Ce dernier revient sur les difficultés endurées durant la dernière décennie. «Durant dix ans, nous avons souffert de l'absence des touristes étrangers qui nous faisaient vivre. Mais depuis maintenant deux ans nous constatons un retour en force des étrangers dans la palmeraie au moment où ont repris de nombreuses festivités culturelles comme le festival de la musique euro-africaine, le maoussim des dattes de Beni Abbès ...». En effet, les touristes étrangers sont de nouveau nombreux à visiter la localité. À chaque coin de rue, on rencontre des groupes de Français, d'Allemands et d'Espagnols qui font la découverte des secrets de l'oasis. Seul handicap dans cette ville qui dispose de deux grands hôtels, l'absence de guides professionnels. La majorité des accompagnateurs sont des jeunes de la région qui connaissent bien tous les recoins de leur oasis mais qui ne maîtrisent pas bien les langues étrangères pour pouvoir éclairer la lanterne des touristes.