Réaction n Des milliers de Palestiniens ont défilé hier dans les rues de Gaza, sur le chemin des enterrements, en tirant en l'air et en criant vengeance. Des affrontements armés qui ont fait plusieurs blessés ont débuté dans la nuit de samedi à dimanche, lorsque la police du Hamas a tenté d'arrêter des membres de l'Armée de l'islam, un groupuscule soupçonné d'être lié à Al-Qaîda. Des témoins ont entendu de nombreux échanges de coups de feu ainsi que des explosions. Au moins six personnes ont été blessées pendant les heurts, a précisé un médecin du principal hôpital de Gaza, Al-Shifa. «Les forces du Hamas sont arrivées juste après minuit», a déclaré un membre du groupe. Déjà fragilisé par l'intransigeances des uns et des autres, le dialogue interpalestinien risque, après cet attentat, de prendre un coup dur. La situation sécuritaire est, elle aussi, incertaine. Quelques heures après l'attentat, les forces de sécurité du Hamas ont arrêté quelque 160 membres du mouvement rival Fatah, du président Mahmoud Abbas, et perquisitionné au moins 41 bureaux du mouvement ou d'associations liées à lui en confisquant ordinateurs et documents, selon le Centre palestinien des droits de l'Homme, une ONG indépendante. Le président Abbas a dénoncé les arrestations et ces perquisitions menées par le Hamas estimant qu'elles prouvaient que le mouvement «ne veut pas le dialogue» et perpétue ainsi la séparation entre Gaza et la Cisjordanie, selon un porte-parole. M. Abbas a aussi averti que «nous mettrons tout en œuvre pour maintenir l'unité palestinienne». Un peu plus tôt, le bureau du président Abbas a démenti toute implication dans cette explosion et accusé des éléments de la branche armée du Hamas d'être à l'origine de cet attentat qui aurait été perpétré, selon lui, dans le cadre d'un conflit entre différentes factions du mouvement islamiste. Le gouvernement du Hamas s'est, pour sa part, réuni d'urgence. Hier soir, un haut dirigeant du Hamas a «formellement» accusé le Fatah d'être «derrière ce crime», a proclamé ce haut responsable du Hamas, Khalil al-Haya, devant des milliers de sympathisants réunis pour les funérailles des activistes tués. De son côté, l'homme fort du Hamas, Mahmoud al-Zahar a clairement menacé le Fatah. «C'est au Fatah de définir sa position : soit il est du côté de ces criminels, soit il est avec le peuple palestinien qui affronte l'ennemi israélien», a déclaré ce principal dirigeant du mouvement. Cette tension entre le Hamas et le Fatah a contraint la plupart des membres des services de sécurité de l'Autorité palestinienne à fuir la bande de Gaza pour trouver refuge en Cisjordanie de peur des représailles.