La musique arabe a connu de nombreux théoriciens et de nombreux musiciens. L'un des plus célèbres est, sans nul doute, Abû al-Hasan Ali Ibn Nafi', surnommé Ziryâb, «merle noir», à cause non seulement de son teint foncé, mais aussi de la douceur de sa voix. Il a été le disciple du grand musicien, Ish'aq al-Mawsilî, mais, raconte-on, celui-ci, jaloux de son talent, l'a forcé à quitter la cour de Bagdad et à se rendre au Maghreb. Il se fixe d'abord à al-Qayrawâne (Kaïrouan) où il acquiert une grande renommée, puis ayant offensé l'émir par l'un de ses chants, il est condamné au fouet, puis au bannissement. Il se rend alors en Andalousie et entre au service de l'émir umayyade de Cordoue, al-Hakam, qui cherchait des musiciens. Il devient vite célèbre, non seulement par ses chants, mais aussi par son enseignement qui continue la méthode des ‘udistes, qui ont perfectionné le luth. Lorsqu'il était à Bagdad déjà, Ziryâb avait inventé un nouveau ‘ûd, plus léger d'un tiers que le luth ordinaire. Il a amélioré ses cordes, les deux premières étant de la soie filée dans de l'eau froide, donc plus fortes que les cordes ordinaires, la troisième et la quatrième cordes sont fabriquées à partir d'intestins de lionceau, ce qui les rend plus mélodieuses. En Andalousie, Ziryâb a ajouté une cinquième corde, également en intestins de lionceau. Il a également remplacé le midh râb ou plectre, fait avec du bois, par une plume d'aigle, qui rend le jeu plus aisé. Ce luth est destiné à fournir un son plus mélodieux, plus clair, en conformité avec les conceptions mystiques des musulmans.