Juba II, le roi érudit de Maurétanie, qui s'intéressait à la faune et à la flore de son pays, est à la source de nombreuses informations sur les éléphants que des auteurs grecs et latins reprendront. C'est sans doute lui qui a répandu l'idée de cimetières d'éléphants où les bêtes, vieilles ou malades, allaient mourir. C'est encore lui qui attribue des sentiments religieux à l'espèce qui adorerait le soleil levant, en brandissant des palmes. L'importance de l'éléphant était telle qu'il a souvent été pris comme symbole de l'Afrique. Il figure notamment sur les monnaies des rois berbères et dans l'art grec. L'Afrique est représentée sous la forme d'une femme coiffée d'une dépouille d'éléphant ou proboscis. Les éléphants ont été utilisés comme animal de combat par les Carthaginois qui les ont emmenés avec eux en Sicile durant la première guerre punique, puis en Espagne. Et les barrissements des éléphants d'Hannibal, campant aux portes de leur ville, ont terrorisé les habitants de Rome. En Afrique aussi, l'intervention des éléphants devait semer la panique dans les légions de Regulus. Les Carthaginois entretenaient des écuries spécialement aménagées : selon Appien, il y avait, à Carthage, jusqu'à 300 éléphants. Si l'éléphant sème la terreur dans les rangs ennemis, il peut aussi, quand il s'affole, sous une pluie de flèches et de clameurs, se retourner contre sa propre armée et écraser les fantassins.