Un patrimoine à préserver Richesse n Beaucoup sont ces maîtres qui ont marqué l'art populaire musical algérien. Ils ont imposé leur style medh ou melhoune, devenu au cours des années 40 le chaâbi bien qu'il soit parfois appelé de nos jours maghrabi à l'Ouest ou medh au Centre. C'est l'art musical le plus populaire d'Alger, de Blida et des autres régions du Centre, telle la Kabylie. Il est qualifié par les spécialistes de musique savante née d'une culture profonde grâce à des autodidactes qui avaient pu l'imposer par leurs voix et leurs instruments. Le cardinal Cheikh El-Hadj M'hamed El-Anka, Maâzouz Bouadjadj, Boudjemaâ El-Ankis, El-Hachemi Guerouabi, Amar Ezzahi, Kamel Messaoudi, Abdelkader Chaou, Dahmane El-Harrachi, Cheikh El-Hasnaoui, Aziouz Raïs, Mourad Djaâfri, Kamel Bourdib, Cheikh El-Fodil et la liste est encore longue. Ces virtuoses ont porté haut ce genre musical dépendant depuis près de 100 ans de la derbouka, du tambourin (tar), du mandole, du banjo et du qanoun qui en font l'art le plus populaire qui ne laisse pas de place à d'autres instruments électriques. Cheikh M'hamed Bourahla a incontestablement apporté sa touche et marqué de son empreinte l'évolution de cet art en s'inspirant de la poésie ancienne et de textes originaux ramenés de Fès (Maroc) de chez son maître cheikh Idriss El-Alami, traitant des thèmes d'actualité grâce auxquels il avait pu créer son propre style, le kheloui qui n'a pu être repris à cause de sa complexité par les artistes de la nouvelle génération. Proche des aspirations du peuple notamment des jeunes, le style kheloui avait pu conquérir les cœurs des mélomanes de toutes les régions du pays et même du Maroc. Le maître de ce genre musical, Cheikh M'hamed Bourahla, a également tant donné au pays, notamment durant la révolution. Retracer son parcours est le moindre des hommages que l'on puisse lui rendre. Ainsi, la 8e édition des journées artistiques andalouses tenue en plein air à Tipaza du 28 au 31 juillet, s'est clôturée par un bouquet de chants andalous et de qacidate dédiés à la mémoire du grand maître du kheloui. Les 4 soirées andalouses organisées par la direction de la culture de la wilaya de Tipaza, ont vu la participation de troupes artistiques et musicales de renommée à l'image des 3 associations artistiques andalouses de Koléa (El-Bachtarzia , El-Fen El-Asil et Dar El-Gharnatia), les associations El-Kaïsaria et Errachidia de Cherchell… La chanteuse Amel Wahbi a rehaussé la manifestation de sa présence. L'assistance a pu ainsi redécouvrir les valeurs du cheikh, 24 ans après sa disparition lors d'un pèlerinage à La Mecque… Un hommage amplement mérité.