Abdelkader Chercham, né en 1946 à la Casbah d'Alger, est l'un des disciples préférés de Hadj M'hammed El-Anka, qui appréciait son assiduité, son sérieux et sa rigueur. «Spécialiste» du genre djed, il est doué d'une mémoire photographique des qacidate. Excellent élève, brillant interprète de la chanson chaâbie, grâce à son travail et sa persévérance, Abdelkader Chercham est devenu à son tour Cheikh en enseignant le tabaâ chaâbi à l'école Ankawiya de la place des Martyrs à Alger. Fidèle à son maître, El-Hadj M'hammed El-Anka, nous avons rencontré "Cheikh" Chercham lors de la commémoration du 30e anniversaire de la disparition du «Cardinal», et avec beaucoup de gentillesse et de simplicité, il a bien voulu nous entretenir du chaâbi et de son maître : Infosoir : entre le chaâbi d'hier, celui pratiqué par les maîtres et leurs disciples, et le chaâbi d'aujourd'hui, tel qu'il est pratiqué par les amateurs, quelle différence y a t-il ? A. Chercham : Heureusement que la pratique, du maître et du disciple existe encore, en plus soft certes, mais le principe est le même, quant aux autres et aux jeunes d'aujourd'hui, je leur reproche de faire dans la facilité, car le chaâbi est très vaste, mais il a des bases qu'il faut absolument respecter, et donc il faut travailler dur, aller à fond, souffrir pour réussir, aussi, il faut apprendre les qacidate, par cœur, autrement ils n'auront jamais le statut de maître ou de cheikh : «qcida fi errass, khir men âachra fi el kourass» (mieux vaut avoir une qcida en tête, que dix sur le cahier), nous disait El-Hadj. Le chaâbi est un genre musical populaire, à quoi cela est-il dû ? l Tout simplement parce que c'est le langage de toutes les mamans, le langage que tout le monde comprend, intellectuels ou pas, jeunes ou moins jeunes...et chacun retrouve son histoire dans le chaâbi. Le chaâbi, c'est l'éducation. Le chaâbi est un patrimoine, il renvoie à un passé et à une mémoire. Quelle histoire raconte-t-il ? l On retrouve tous les sujets dans le chaâbi, le social, la religion, l'amitié, l'amour, l'unicité, les maux et les joies de tous les jours. D'ou vient le vocable de "chaâbi"? l Mahieddine Bachtarzi avait proposé à El-Anka de faire des concerts dans de grandes salles, et à chaque fois, c'était archicomble, donc très populaire. Et c'est en 1947, que ce style musical, d'abord appelé «medh», a été définitivement baptisé «chaâbi» par le musicologue Safir El-Boudali.