Podium n Par ces temps de disette, la judokate Soraya Haddad offre à l'Algérie sa première médaille aux jeux Olympiques de Pékin. Une médaille de bronze en guise de première pour le pays, pour le monde arabe et pour l'Afrique. Hier matin, lorsque nos confrères de la radio nationale voulaient lui soutirer quelques déclarations avant ses combats des quarts de finale et de demi-finale, Soraya Haddad a gentiment refusé en raison d'une grosse concentration qui en disait long sur sa détermination à aller au bout de son rêve et décrocher enfin la première médaille olympique pour le judo algérien. Là où une autre championne avant elle avait échoué à cinq reprises, Salima Souakri pour ne pas la nommer. Car après le fiasco d'Athènes en 2004, où l'Algérie est rentrée bredouille sans la moindre médaille, les quelques chances de consécrations dans ces joutes de Pékin reposaient entre autres sur les épaules de Soraya Haddad qui nous a gratifiés d'un bel exploit permettant à notre pays de figurer de nouveau au palmarès olympique. Une médaille de bronze, certes, mais qui vaut beaucoup d'or par ces temps de disette où le sport algérien a du mal à se frayer un chemin parmi les grandes nations du monde qui imposent des performances difficilement accessibles et des moyens de travail et de préparation très poussés. Et en matière de préparation, la jeune athlète native d'El-Kseur, dans la wilaya de Béjaïa, a conforté les spécialistes de la discipline dans leurs convictions qu'une place sur le podium était possible grâce à un physique au point et un mental à toute épreuve. Cela se confirmera dès le premier combat contre la Belge Marie Muller qui passera à la trappe sur un wazari, deux yuko et un koka, soit une belle palette des possibilités de l'Algérienne. Soraya Haddad enchaînera avec la Sénégalaise Hortense Diedhou, pourtant plus imposante par la taille, mais qui s'inclinera sur un koka contre un yuko et une maîtrise sans faille de son adversaire. Cette maîtrise, la redoutable Sud-Coréenne, Kim Kyungok Kor, en fera les frais en quarts de finale suite à une domination de notre représentante qui a poussé son adversaire à commettre plusieurs erreurs avant de l'achever sur un hipon après avoir récolté deux wazari et un yuko contre un koka. Soraya Haddad venait non seulement de faire un grand pas pour postuler à une médaille, mais elle avait pris sa revanche sur Kim qui l'avait difficilement battue récemment au Brésil. Perturbée peut-être par ce résultat sensationnel, Soraya Haddad a manqué d'un cheveu sa demi-finale contre l'expérimentée Chinoise Xian Dongmei qui, avec l'appui de son public et forte de ses consécrations aux derniers Jeux d'Athènes, a su profiter des hésitations de notre judokate pour l'emporter sur koka. Soraya Haddad rate ainsi la finale, mais ne se décourage pas pour autant, grâce notamment au travail de son entraîneur Hamid Chaâlal qui a su la remotiver pour aller affronter la Kazakh Kaliyeva Sholpan pour le combat de la troisième place. Très concentrée de nouveau et convaincue de son potentiel, Soraya Haddad renvoie sa dernière adversaire dans la catégorie des -52 kg à ses cours en s'adjugeant un wazari, deux yuko et un koka, contre un seul koka. C'est la délivrance dans le camp algérien et chez notre athlète où joie et larmes se mêlent, bien qu'elle soit invitée à un contrôle antidopage de routine.