Evénement n C'est la première visite à Damas, d'un président libanais depuis le retrait des troupes syriennes du Liban en avril 2005. Le climat délétère qui a toujours empreint les relations syro-libanaises est en passe de se dissiper à la faveur de la visite, hier et aujourd'hui, du président libanais Michel Sleimane à Damas où il a été reçu avec les honneurs par son homologue syrien, Bachar Al-Assad. D'importantes décisions ont été prises à l'issue d'entretiens bilatéraux entre les deux chefs d'Etat dont la plus intéressante est, sans conteste, l'ouverture de deux représentations diplomatiques dans les deux capitales. En effet, hier, la Syrie et le Liban ont enfin décidé officiellement de (re-)nouer des relations diplomatiques et d'échanger des ambassadeurs pour la première fois, lors d'une rencontre à Damas, entre les présidents Al-Assad et Sleimane. Les deux chefs d'Etat «ont chargé leurs ministres des Affaires étrangères, de prendre les mesures nécessaires à cet égard conformément aux lois des deux pays», a affirmé la conseillère politique du président Assad. En juillet dernier, MM. Sleimane et Assad avaient annoncé, à Paris, en marge de l'Union pour la Méditerranée (UPM), leur volonté d'établir des relations diplomatiques entre leurs pays, inexistantes depuis la proclamation de leurs indépendances il y a plus de soixante ans, à la fin du mandat français. L'objet de la visite de M. Sleimane, qui se poursuit aujourd'hui jeudi, est d'assainir les relations bilatérales, après une tutelle syrienne de près de trois décennies sur le Liban. Accompagné de son épouse et de son ministre des Affaires étrangères Faouzi Salloukh, Michel Sleimane est arrivé en fin d'après-midi à Damas pour la première visite d'un président libanais depuis le départ des troupes syriennes du Liban en 2005. Il a été accueilli au palais présidentiel, sur le mont Qassioun qui surplombe la capitale, avec tapis rouge et garde d'honneur. MM. Assad et Sleimane «ont discuté des questions de la frontière entre les deux pays, et des disparus en Syrie et au Liban», a indiqué la télévision d'Etat syrienne qui a qualifié de «positive et très constructive» l'ambiance des entretiens. Les présidents devaient soulever des questions épineuses comme la délimitation des frontières, la révision d'anciens accords, la question des détenus libanais en Syrie et celle des mouvements palestiniens pro-syriens armés, présents au Liban, selon des sources diplomatiques. «Cette visite est un point de départ (...) pour les relations futures» entre les deux pays, a estimé le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem, dans une interview au quotidien libanais As-Safir paru, hier, mercredi. Le quotidien gouvernemental syrien Techrine évoquait, pour sa part, des «erreurs commises par le passé qui seront surmontées par l'établissement de relations diplomatiques, (la révision) d'accords conclus, et (le règlement) du dossier des détenus (libanais et syriens) dans les deux pays».