Belle réussite pour l'ONU qui a engagé hier sa première épreuve du terrain en vue de s'enquérier de l'état d'application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité relative au retrait des troupes syriennes du Liban. En effet, le président syrien Bachar Al Assad s'est engagé à retirer totalement ses troupes et services de renseignement du Liban, et cette opération se fera en deux étapes, a annoncé hier l'émissaire de l'ONU Terje Roed-Larsen dans un communiqué après une rencontre en Syrie avec M. Assad. L'annonce de M. Roed-Larsen, contenue dans un communiqué de l'ONU, précise que la première étape du retrait s'achèvera fin mars mais ne donne pas une indication de date pour la seconde phase. « Nous sommes parvenus à une entente. Le président Assad s'est engagé à retirer toutes ses troupes et ses services de renseignements du Liban, en application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'ONU », indique le communiqué de l'émissaire de l'ONU qui a rencontré M. Assad à Alep (nord). « M. Roed-Larsen présentera au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, les détails d'un calendrier du retrait total syrien du Liban, lors d'une rencontre en début de semaine prochaine à New York », poursuit le communiqué. « Le retrait sera effectué en deux étapes. La première verra le redéploiement des forces militaires et des services de renseignements vers la plaine de la Békaâ (est du Liban), d'ici à la fin mars. En plus, un nombre important de ces effectifs syriens, y compris les services de renseignements, se retireront complètement du Liban vers la Syrie, durant cette première étape », selon le texte. « La deuxième étape conduira à un retrait complet et total de tous les personnels, du matériel et des services », ajoute le communiqué sans préciser de date. C'est la première fois que M. Assad évoque lui-même un retrait des services de renseignements. La résolution 1559 a été adoptée le 2 septembre 2004 par le Conseil de sécurité de l'ONU à l'initiative de Washington et Paris. L'ONU qui doit rendre compte le mois prochain de l'état d'application de la résolution 1559 devrait en être satisfait puisque le président syrien a dévoilé les intentions de son pays en ce qui concerne cette question. Quant à la visite de l'émissaire des Nations unies, elle s'annonçait sous de bons auspices, les troupes syriennes ayant totalement évacué le nord du Liban vendredi soir, où quelque 3000 militaires étaient déployés, à l'exception des bureaux des services de renseignements, selon une source militaire libanaise. Et selon des sources non officielles, l'armée syrienne a quasiment terminé son repli vers la plaine libanaise de la Békaâ. Vendredi soir, les autorités de Damas ont organisé un déplacement à la frontière syro-libanaise pour montrer aux journalistes des troupes rentrant au pays par le poste de Jdaidet Yabous. Une soixantaine de véhicules militaires transportant hommes et équipements passant en Syrie y ont été aperçus. A la veille de la visite de M. Roed-Larsen à Damas, le Washington Post a écrit vendredi que celui-ci allait présenter un ultimatum au président syrien. « S'il ne fournit pas de (calendrier) son pays va être totalement isolé politiquement et économiquement. Il y a un solide consensus dans la communauté internationale », a écrit le journal, citant un haut responsable américain. Mais l'ONU a démenti cette information. « M. Roed-Larsen a indiqué qu'il se rendait à Damas et à Beyrouth pour mener un dialogue constructif et que les Nations unies n'avaient pas pour habitude d'utiliser les menaces », a déclaré une porte-parole de l'ONU à New York, Mme Marie Okabe. Quoi qu'il en soit, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, avait déclaré mercredi que M. Roed-Larsen se rendrait à Damas pour obtenir un calendrier de retrait des troupes syriennes au Liban. « Ce qui est essentiel, c'est qu'un retrait total ait lieu », avait-il souligné, remarquant que « le gouvernement syrien n'(avait) pas rejeté la résolution 1559 ». De leur côté, les Etats-Unis ont de nouveau réclamé vendredi un retrait « immédiat et complet » du Liban conformément à la 1559 et appelé Damas à ne pas « aggraver son isolement ». « J'espère que les Syriens ne vont pas continuer à aggraver leur propre isolement », a déclaré la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice en relevant que plusieurs pays arabes s'étaient joints à l'appel pour un retrait. « J'espère que les Syriens vont comprendre que la situation est désormais totalement différente » pour eux, a-t-elle ajouté. Le message est clair et les menaces tout aussi évidentes. Surtout que les Américains ont ajouté à la présence militaire syrienne au Liban une accusation d'une extrême gravité. Il y a exactement une semaine, le président George W. Bush déclarait que ce pays était un obstacle à la paix au Proche-Orient, ce que le jour même, le chef de l'Etat syrien récusait dans son fameux discours. Qu'en sera t-il alors ?