Le Liban commémore, demain, le premier anniversaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafik Hariri. L'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, Rafik Hariri, a constitué un véritable séisme dans un pays miné par le confessionnalisme et une instabilité récurrente. Mais la mort de Hariri aura surtout porté un coup sévère aux relations traditionnelles entre le Liban et la Syrie, les dirigeants politiques de Damas étant même accusés, par une commission d'enquête de l'ONU, d'avoir commandité le meurtre de l'homme politique libanais, hostile à la mainmise de la Syrie sur son pays. Si la mort de Hariri a induit un immense élan de solidarité nationale et ressoudé les rangs de la classe politique libanaise, elle a également, dans une certaine mesure, élargi le fossé d'incompréhension entre les leaders politiques tout en accentuant la fracture avec la Syrie devenue la problématique numéro un du Liban. Mais l'assassinat de Hariri a surtout eu un profond impact auprès des Libanais, créant un sursaut national comme le Liban n'en a plus connu, depuis la guerre civile de 1975, l'une des causes de l'implantation «durable» des troupes syriennes au pays des Cèdres. La mort de Hariri a rapproché les confessions libanaises qui semblaient jusqu'alors en paix armée. Pouvait-il en être autrement lorsque la Constitution du Liban est fondée sur le confessionnalisme qui a fait beaucoup de dégâts parmi ses communautés, la pyramide étatique du pouvoir étant toujours marquée par l'attribution de la présidence aux chrétiens, le Premier ministère aux sunnites et la présidence du Parlement aux chiites. C'est cette dichotomie qui fait que l'unité du pays demeure illusoire comme le montre le retour aux divisions d'antan que la mort de Rafik Hariri semblait avoir atténuées. De fait, le summum de ces moments unitaires au Liban a été les manifestations monstres du 14 mars 2005, un mois après l'assassinat de Rafik Hariri, exigeant notamment le départ des contingents syriens stationnés au Liban. Mais cette démonstration unitaire n'a pas résisté au climat politique délétère qui régnait au pays d'une part, aux assassinats, et tentatives d'assassinat, de plusieurs personnalités libanaises du monde de la politique et des médias d'autre part, donnant à voir que le consensus, à tout le moins circonstanciel, restait fragile, se délitant un peu plus à chaque assassinat. Les Libanais, qui estimaient avoir franchi le plus difficile - avec notamment le départ des troupes syriennes le 29 avril 2005 - déchantaient rapidement face à une situation qui apparaît plus complexe et inextricable qu'ils ne le pensaient. De fait, la mise en examen, dans l'affaire de l'assassinat de Rafik Hariri, des principaux collaborateurs du président pro-syrien, Emile Lahoud avait empoisonné davantage, si cela se pouvait, le climat détestable qui s'est installé à Beyrouth aggravé par les assassinats, forçant nombre de personnalités, dont Saad Hariri -fils du défunt Rafik Hariri- et chef de la majorité parlementaire, à prendre le chemin de l'exil en France et en Europe. De fait, aucun des problèmes qui secouent le Liban n'a trouvé de solution, et la longue présence syrienne n'avait fait qu'exacerber davantage les divisions et les ressentiments d'une population marquée à jamais par une guerre civile qui a laissé des empreintes indélébiles. Aujourd'hui, le Liban semble se trouver de nouveau à la case départ où tout est à refaire, à commencer par l'application des accords de 1989 de Taef qui mirent fin à quinze ans de guerre civile, dont l'une des recommandations, l'abrogation progressive du confessionnalisme politique, est demeurée sans écho, le Liban continuant à fonctionner comme il l'a fait avant la guerre de 1975. Des questions que les Libanais ne semblent pas prêts, aujourd'hui encore, à aborder de front, se concentrant sur des épiphénomènes, comme le désarmement du Hezbollah, qui doit trouver sa solution dans le cadre national libanais et après la libération totale du territoire libanais de l'occupation israélienne (la zone des fermes de Chaaba est toujours sous contrôle israélien, près de six ans après le retrait de l'armée israélienne du Sud-Liban) et la prise effective du contrôle du Sud par l'armée libanaise. Aussi, l'urgence pour le Liban est de reconstruire les bases d'une unité nationale induite non plus par les croyances religieuses mais par un idéal politique à partager par tous les Libanais. Plusieurs manifestations sont prévues aujourd'hui et demain, de même que des émissions spéciales à la mémoire du défunt Rafik Hariri. Ainsi, la journée de demain, le 14 février, a été décrétée «Journée de l'Unité nationale».Rafik Hariri a été assassiné le 14 février 2005, rappelle-t-on.