Résumé de la 1re partie n œben, sur ordre de Louis XV, réalise un prestigieux secrétaire, mais l'œuvre n'est pas complètement achevée quand l'ébéniste décède. Jean-Henri Riesener «reprend le flambeau»... Neuf ans vont passer avant que le meuble ne soit livré à Louis XV. Nous sommes en 1769, et Riesener grave dans la marqueterie, au dos du meuble, sa propre signature : Riesener f. (fecit). Entre 1774 et 1784, il ne livre pas moins de sept cents autres meubles à la Cour. Il n'est pas le seul artiste qui puisse être légitimement fier du «bureau du roi». Il y a aussi Wynant Stylen, ébéniste qui s'est penché sur les marqueteries ou Jean-Claude Duplessis, qui a créé les bronzes, fondus ensuite par Hervieux. L'horloger Lépine a construit la pendule à deux cadrans qui surmonte le meuble ; mission difficile, car les mouvements du cylindre, au moment où l'on ouvre ou ferme le bureau, ne doivent, en aucun cas, perturber l'exactitude de cette pendule. Des bougeoirs ornent le devant du meuble. Un bas-relief de bronze doré représente Minerve et les Arts, les panneaux de marqueterie représentent l'Astronomie et les Mathématiques. Le bureau est payé la somme exorbitante de 62 775 livres. Une vraie fortune. Il prend place dans le cabinet doré du souverain, qui l'utilise avec plaisir pendant les cinq années qui lui restent à vivre. Louis XV prend le plus grand soin de son meuble étonnant car, au cours de ces cinq ans, par trois fois Riesener lui-même séjourne à Versailles, avec mission de «repolir la marqueterie, nettoyer les bronzes et vérifier les mécanismes». Louis XVI succède, à regret, au défunt Louis XV. En 1789, la Cour quitte Versailles pour Paris, mais le bureau du roi demeure à Versailles. Il y reste en paix pendant les heures terribles de la Révolution. Certains estiment que ce vestige de la royauté abhorrée pourrait être vendu, y compris à l'étranger, et faire rentrer de bonnes pièces d'or dans les caisses révolutionnaires. Mais ce projet n'a pas de suite, heureusement pour nous. Au contraire le bureau devient «monument national». 1794 : le plus dur de la tourmente est passé Louis XVI et Marie-Antoinette ont été exécutés, la royauté, croit-on, n'est plus qu'un souvenir... Que va devenir ce bureau dont le style n'est plus du tout dans le goût du jour ? On l'entrepose au Garde-meuble, qui donne sur notre actuelle place de la Concorde. On en fait même une estimation : 30 000 livres, à peine la moitié du prix payé à ses auteurs. Riesener, qui exerce toujours sa profession, procède à quelques aménagements «diplomatiques». Il supprime le chiffre du roi Louis XV et le remplace, sur les côtés du meuble, par des plaques de porcelaine ornées de figures antiques et allégoriques. Il modifie les emblèmes de la marqueterie, qui rappelaient de manière trop précise la défunte royauté. C'est Riesener encore qui, en 1796, procède au démontage complet de ce meuble qui est une véritable mécanique de précision. Puis il le remonte, au moment où l'on décide de l'entreposer aux dépôts des Archives nationales, dans le palais des Tuileries. Le bureau va y demeurer pendant longtemps, puisque c'est Menneval, secrétaire de Napoléon 1er, qui l'en ressortira pour son usage personnel. En 1808, nouveau déménagement : le bureau de Louis XV, qui jure sans doute trop avec le style antique et égyptien à la mode, est réexpédié au Garde-meuble. Ni Louis XVIII, ni Charles X, les frères de Louis XVI, ne semblent s'en être préoccupés. Il faudra attendre que le duc d'Orléans fils de Louis-Philippe, roi des Français s'y intéresse et organise son retour au palais des Tuileries. Nous sommes aux environs de 1840.