Dépendance Il est su aujourd?hui que le tabac prend de l?ampleur dans la vie quotidienne des gens et que cette substance, devenue plus que présente dans notre routine, se propage d?un individu à un autre aussi couramment que de l?air. Les statistiques établies sur le plan international montrent que le taux de consommateurs par rapport à celui des non-fumeurs est nettement supérieur à la médiane. La consommation annuelle de tabac a considérablement augmenté au cours des 50 dernières années. En effet, elle est de 2 kg par habitant en France, contre 3 en Grande-Bretagne et 4 aux Etats-Unis. Elle suit une progression inquiétante d?autant plus que la manie de fumer gagne peu à peu les femmes, tandis que l?on fume de plus en plus jeune dans les deux sexes. La nicotine, substance maîtresse dans une cigarette, est une drogue dangereuse accumulée dans la plante sous forme de sels organiques et de composés glucidiques. La quantité contenue dans une cigarette française, par exemple, est de 1,3 à 3,9 cg. Pour donner une idée de sa toxicité, les recherches et expériences réalisées ont prouvé que 15 à 30 cg de nicotine, c?est-à-dire la dose contenue dans un paquet entier de cigarettes, peuvent tuer un homme. Fort heureusement, l?organisme humain a une capacité d?absorption de cette substance assez faible. De plus, le foie transforme la nicotine en un dérivé peu toxique ? mais toujours dangereux ? éliminé par les urines. Toutefois, il faut noter que le taux d?absorption est 7 à 10 fois plus important si le fumeur inhale la fumée (60% des hommes). Le mécanisme d?action de la nicotine est une stimulation de la sécrétion d?adrénaline, hormone qui agit sur le système cardio-vasculaire, donc augmente le rythme cardiaque et la tension artérielle. On aura par exemple, chez un homme ayant fumé 2 cigarettes, un pouls qui augmente de 15 à 25 battements et une tension qui augmente de 1 à 2 cm de mercure, mais son action principale reste sur les ganglions neurovégétatifs : une faible dose de nicotine les excite, une autre, plus forte, les déprime pouvant aller à la paralysie. Outre la nicotine, le tabac contient des substances tout aussi dangereuses, telles que les goudrons dont la combustion donne naissance aux hydrocarbures, substances irritantes mais surtout cancérigènes. Parmi ces dernières, la plus commune est le benzapyrène, qui rétrécit les bronches, d?où la détresse respiratoire et l?essoufflement ; la toux reste le seul moyen d?expectoration. Les hydrocarbures créent aussi de petites lésions qui ouvrent la porte aux infections microbiennes. Au début de la combustion d?une cigarette, nicotine et hydrocarbures sont, en partie, retenus dans la cigarette. Donc le danger est réduit si le fumeur jette un mégot long. La fumée dégagée de la combustion d?une cigarette renferme 2 à 4% de monoxyde de carbone qui, après inhalation, passe dans le sang, s?unit à l?hémoglobine et devient néfaste en cas d?insuffisance respiratoire ou angine de poitrine. Les méfaits du tabagisme sont connus pour la plupart, mais sont insuffisants pour interdire sa consommation. Si on laisse de côté les dégâts minimes, la cancérisation du poumon, la bronchite chronique et les troubles cardio-vasculaires sont considérés comme l?apanage le plus sévère du tabac. Aux Etats-Unis, la mortalité par cancer du poumon est proportionnelle à la consommation du tabac, le risque augmentant de 10 à 30 fois chez les fumeurs par rapport aux non-fumeurs. L?association tabac-alcool augmente le risque d?un cancer du poumon : les statistiques montrent qu?un sujet qui boit 1 litre de vin à 10 degrés et fume 20 cigarettes par jour court 41 fois plus de risques que s?il s?abstenait. La bronchite chronique (maladie du futur) est liée à la pollution atmosphérique, surtout si l?effet du tabac s? y ajoute ; la mortalité dans ce cas est trois fois plus importante que chez les non-fumeurs. Les maladies cardio-vasculaires (infarctus, angine de poitrine?) sont fréquentes chez les grands fumeurs, chez ceux qui inhalent la fumée (tabagisme passif), chez ceux qui ont commencé à fumer jeunes et chez les sujets prédisposés aux troubles cardiaques qui fument (hypertendus, diabétiques, hypercholestérolémiques?). Le tabagisme tend à réduire la longévité, dans les trois méfaits cités. L?espérance de vie est réduite de 4 à 5 ans pour un fumeur moyen, de 8 ans pour un grand fumeur. Si les méfaits de la cigarette sont nocifs pour l?adulte, ils le sont encore plus pour le f?tus. En effet, si une femme enceinte fume, les produits nicotiniques traversent le placenta et provoquent des avortements spontanés, des morts-nés et des prématurés. L?abstinence chez la femme enceinte ou qui allaite, mais également des personnes qui l?entourent reste le meilleur moyen de prévention. La lutte contre le tabagisme est pratiquement inexistante dans la société, le tabagisme étant toléré pour, sans doute, des raisons d?intérêt. Le seul moyen de lutte reste l?interdiction de fumer dans les endroits publics (transports, hôpitaux, crèches, maternités), et à travers les médias par le biais de publicités renseignant largement le public sur ses méfaits. Les patchs disponibles aujourd?hui sur le marché ainsi que les cigarettes filtres ne font que retarder l?échéance, le meilleur filtre reste le poumon.