Il est admis généralement que l'ours numide a disparu à la fin de la période romaine, mais diverses chroniques le signalent. Ainsi, en 800, lors du couronnement de Charlemagne, l'émir de Kairouan, Ibrahim ben el-Aghlab, lui a envoyé des présents parmi lesquels figurent de la pourpre de Tyr, des reliques de Saint-Cyprien, un lion et un ours numide. Des voyageurs européens, dans ce qu'on appelait alors la Barbarie, signaleront, à diverses époques, des ours. Contentons-nous de ce témoignage de l'abbé Poiret, qui a vécu une année en Algérie, de 1785 à 1786 : «Le climat brûlant de l'Afrique ne convient point à l'ours, qui ne se plaît qu'au milieu des neiges et des glaces. Cependant, comme le mont Atlas s'élève très haut dans le royaume d'Alger vers celui du Maroc, et que plusieurs montagnes sont couvertes d'une neige quasi éternelle, les ours bruns y habitent ; ils sont très carnassiers ; quelquefois, ils descendent dans les plaines. Pendant mon séjour chez Aly Bey, à la Mazoule, un Arabe rapporta la peau d'un ours qu'il avait tué à la chasse. L'opinion que l'ours lance des pierres, quand il est poursuivi, est admise par les Arabes comme par les peuples d'Europe. Cet Arabe me montra une blessure qu'il avait reçue à la jambe, étant poursuivi, disait-il, à coups de pierres par l'ours dont il apportait la dépouille…» (Dans Voyage en Barbarie).