Située au centre de la Tunisie, à 150 km de la capitale, Kairouan est la nouvelle destination phare sur laquelle comptent les pouvoirs publics tunisiens pour capter un nouveau segment au sein de la clientèle que forment les touristes algériens. La vieille ville de Kairouan, classée patrimoine mondial de l'humanité en 1988, est la fierté de la Tunisie et du monde arbo- musulman. Elle fut le point de départ des conquérants arabes et musulmans vers la Numidie occidentale, l'actuelle Algérie, et l'Europe occidentale. Ses richesses historiques font d'elle la quatrième ville sainte de l'Islam sunnite après La Mecque, Médine et Jérusalem. C'est ici que se trouve la grande mosquée de Kairouan, la première du genre construite au Maghreb en 670 par Okba Ibn Nafaâ lors de la première expédition. Elle est l'une des plus anciennes au monde. Au premier coup d'œil, elle vous surprend par la puissante silhouette de son minaret en forme cubique, semblable à un phare antique. Sa vaste et majestueuse cour aux quatre cadrons solaires délimitant le temps et les heures de prière est l'autre curiosité. Elle est entourée de plusieurs arcades dessinées et de hautes portes de bois richement sculptées qui donnent sur la salle de prière. À l'intérieur de cette dernière, il y a toujours des colonnes romaines prélevées sur des sites en ruine se trouvant dans la région et utilisé lors de son édification en 670 de notre ère. Elle sera reconstruite en 836 sous la dynastie des Aghalibides, époque durant laquelle Kairouan fut capitale d'une vaste province. C'est ce hiatus que l'office de tourisme tunisien veut mettre en évidence pour charmer les touristes. Kairouan est la ville aux 300 mosquées et aux 150 marabouts. La Médina, appelée communément Bled el Arbi, offre l'étonnant spectacle d'une multitude de coupoles blanches disséminées entre les terrasses et qui signalent des tombeaux de saints musulmans (mrabtine) édifiées et dédiées à des ulémas ayant dispensé leurs enseignements. La plus célèbre des zaouïas, située à l'intérieur de la forteresse, abrite le tombeau de l'un des compagnons du Prophète Abou Zemaâ El-Balaoui. Juste à côté, une coupole abrite un puits vénéré dont l'eau coule depuis un millénaire, c'est le pittoresque Bir Baroutta. L'eau est remontée par une noria actionnée par un système rotatif tiré par un dromadaire. On peut également visiter la très ancienne zaouïa de Sidi Abid El-Ghariani, marabout originaire de Libye et qui a laissé des empreintes dans la cité. L'édifice est doté d'un patio à portiques et de plafonds en bois de cèdre finement décorés. Il y a aussi l'incomparable zaouïa de Sidi Amor Abada couverte de coupoles où sont exposés des objets géants couverts d'écritures pieuses. La plus exceptionnelle de ces zaouïas demeure celle de Sidi Saheb, surnommée “mosquée du Barbier” qui abrite, aussi, le tombeau d'un compagnon du Prophète, selon notre guide de l'ONTT. Ville sainte et mythique, Kairouan a le charme envoûtant d'une cité pleine d'histoire et jalouse de son patrimoine et de ses traditions séculaires. Une fois à l'intérieur de ses remparts, on a l'impression de remonter le temps pour s'offrir un voyage vers la période des Abassides. Un décor des Mille et Une Nuits vous envoûte. On y accède par plusieurs portes comme celle des Jelladine (les tanneurs de peaux) et des Aatarine (les parfumeurs). Lors des soirées ramadhanesques, la cité grouille de monde, il n'y a pratiquement pas de place vide sur les terrasses des nombreux cafés d'où se dégagent une odeur mélange de thé à la menthe, de café turc et de chicha. La Médina ne dort pas. Le souk, avec ses boutiques alignées à l'infini, est animée de jour comme de nuit. On y expose des merghoum, tapis aux motifs géométriques multicolores, de grands plateaux en cuir ciselé, des sandales en cuir, des selles d'apparat, des costumes traditionnels brodés de soie et de fil de lin, du pain aux formes variées, des beignets au miel et, surtout, les célèbres confiseries aux dattes et aux amandes, les makrout. Ce dernier est une spécialité kairaouanie. L'autre spécialité est le célèbre tapis qui porte son nom, La ville, appelée aussi Bled El Arbi, renferme de nombreux ateliers de tissage dans lesquels on peut admirer le patient travail des tisserands aux mains magiques et expertes. H. M.