«C'était un marché de gros avant et il y avait de l'ordre. Il fermait à 12h. C'était un lieu remarquable par sa propreté et l'organisation qui y régnait. Les tables se juxtaposaient, exposant des produits frais venant de toutes les régions du pays, mais aussi des pays voisins. Je me souviens que certains légumes comme les tomates, concombres, piments… venaient du Maroc», se rappelle Ami Meziane, installé dans ce quartier depuis 1946. Pour notre homme, la réponse est évidente : «Au fil des ans, les mentalités ont changé.» Selon lui, la suppression des mandataires a préparé le lit à la prolifération du marché parallèle. « Ici, c'est la débandade. Nous avons créé ce tohu-bohu», reconnaît-il encore. Le vieux a encore une bonne mémoire : «Avant, des Européens, des Mozabites et d'autres cohabitaient dans une parfaite harmonie. Tout était bien organisé.» Avec le temps, «beaucoup de souvenirs rejaillissent et me font rappeler une époque dure, certes, mais belle», déplore notre interlocuteur qui ne semble pas près d'oublier les moments vécus jadis dans son quartier. Il se rappelle, dans les moindres détails, ce que fut l'ex-rue de l'Union. «J'ai travaillé pendant de longues années dans ce marché en tant que poissonnier. J'étais un habitué du café de la Place Jeanne-d'Arc tenu à l'époque par la famille Assante», raconte-t-il avec nostalgie. Notre témoin se souvient aussi de la boulangerie Balaguer, l'ancienne quincaillerie, la boucherie de l'Espérance et bien d'autres magasins qui n'existent aujourd'hui que dans la mémoire de l'ancienne génération.