Toujours selon des témoignages, les crocodiles du Tassili ne sortaient, sur les berges des oueds, qu'au printemps. En hiver, ils se terraient dans des grottes sous-marines des oueds et des lacs. Il est vrai que tous les lieux indiqués correspondaient aux parties les plus humides du Sahara où des crocodiles pouvaient donc vivre… Il faut attendre encore une vingtaine d'années avant qu'un explorateur européen, l'allemand Erwin von Bary, ne pénètre au Sahara. Il est, bien sûr, au courant de tout ce qui s'est dit à propos du crocodile du Sahara et il veut en avoir le cœur net. A partir de l'oasis de Ghat, il arrive dans le Tassili. Accompagné de guides touareg, il parvient jusqu'à l'oued Imihrou et commence aussitôt à chercher le crocodile. Il fouille les abords du fleuve, mais c'est dans les gueltas qu'il trouve ses traces. Une guelta est une pièce d'eau naturelle, généralement située en montagne ou dans une vallée encaissée. Elle est alimentée soit par une source, soit par l'oued, dans lequel elle se trouve. Très souvent, la guelta contient de l'eau toute l'année, parfois, elle est si abondante qu'elle atteint les dimensions d'un petit lac. Il est donc possible que des crocodiles puissent y vivre… Selon Erwin von Bary, les empreintes sont si bien incrustées dans la vase qu'on peut voir le dessin des écailles du dessous des pattes.