Résumé de la 3e partie C'est dans le dernier tiers du XIXe siècle qu'on va enfin prouver l'existence d'une variété de crocodiles au Sahara. Il faut attendre encore une vingtaine d'années avant qu'un explorateur européen, l'Allemand Erwin von Bary, ne pénètre au Sahara. Il est bien sûr au courant de tout ce qui s'est dit à propos du crocodile du Sahara et il veut en avoir le c?ur net. A partir de l'oasis de Ghat, il arrive dans le Tassili. Accompagné de guides touareg, il parvient jusqu'à l'oued Imihrou et commence aussitôt à chercher le crocodile. Il fouille les abords du fleuve, mais c'est dans les gueltas qu'il trouve ses traces. Une guelta est une pièce d'eau naturelle, généralement située en montagne ou dans une vallée encaissée. Elle est alimentée soit par une source, soit par l'oued, dans lequel elle se trouve. Très souvent, la guelta contient de l?eau toute l?année, parfois, elle est si abondante que la guelta atteint les dimensions d'un petit lac. Il est donc possible que des crocodiles puissent y vivre... Mais revenons aux empreintes découvertes par Erwin von Bary. Selon lui, les marques sont si bien incrustées dans la vase qu'on peut voir le dessin des écailles de dessous les pattes. Bientôt les guides touareg repèrent, dans les galeries qui surplombent la berge de l'oued, les sauriens. Ils sont immobiles, le museau entre les pattes, faisant la sieste. ? lls sont là ! Ils sont là ! Von Bary est très excité. ? Délogez-les ! Les guides s'arment aussitôt de longues perches et entreprennent de taquiner les sauriens. Mais ceux-ci ne réagissent pas et l'explorateur doit partir, déçu. Déçu seulement en partie puisqu'il a maintenant la preuve que le crocodile du Sahara n'est pas un mythe ! Il aurait bien aimé en capturer un et le ramener, mais il ne parvint pas à le faire. Les crocodiles, que certains ont décrits comme agressifs, sont plutôt des animaux farouches. Ils se sauvent au moindre bruit et se cachent dans les trous d'eau. Il est alors pratiquement impossible de les en déloger et, à plus forte raison, d'en capturer un. Quant à les tuer, il faut disposer d'une arme à feu. Dans le livre qu'il publiera en 1898, Erwin von Bary va écrire que le crocodile est très abondant au Sahara. Quant aux traces qu'il a relevées, au bord de l'oued, elles vont lui permettre d'évaluer la taille des crocodiles : de 58 à 60 mètres, ce qui paraît très exagéré. En effet, il faudrait plus que la quantité d'eau d'un oued pour permettre à un animaI de cette stature de vivre et d'évoluer ! Il faut plutôt revenir aux dimensions modestes, déjà signalées par les auteurs de l'antiquité, d'un saurien de 1 à 2 m de long. Des empreintes de crocodiles seront encore relevées, quelques années après. Un officier français, le capitaine Touchard charge un chef touareg, Abd Enbi Ag Ghali, des Ifoghas, d'en capturer un. Mais il n'y parvient pas. En revanche, il trouve des empreintes sur le bord d'un oued. (à suivre...)