Rappel n L'Histoire de l'émigration algérienne vers le Moyen-Orient commence en 1847 depuis le port de Ghazaouet à l'ouest du pays. Le 24 février au soir, l'Emir Abdelkader et ses lieutenants embarquent pour la France où ils seront assignés à résidence pendant des années. Après lui avoir opposé une quinzaine de généraux, plusieurs princes, deux maréchaux et tous les régiments disponibles en terre de conquête, Paris a fini par user et lasser les troupes de l'Emir qui se rendront dans la dignité. L'Emir Abdelkader subjuguera les Français par sa simplicité, sa disponibilité et un sens aigu de l'honneur qui fera pâlir les meilleurs sabres de l'Empire. Tout le monde veut voir cet impétueux cavalier du désert qui fait déjà rêver. Napoléon III l'invitera à l'Opéra. Victor Hugo n'aura pas assez de mots justes pour louer les qualités morales d'un homme apparemment au-dessus des contingences. Sous la passion d'une opinion publique de plus en plus favorable à l'élargissement d'un homme dont le seul délit est d'avoir été vaincu, l'empereur encouragé par une assemblée nationale qui abonde dans le même sens, est contraint, malgré lui, de libérer l'Emir sous condition qu'il ne remette jamais les pieds en Algérie. Abdelkader choisira lui-même le lieu de son nouvel exil : la Syrie. Et c'est ainsi qu'il débarquera, lui et ses hommes, quelques mois plus tard, à Damas. Il ne sera pas seul évidemment. Des dizaines de familles qui avaient pris part directement ou indirectement au conflit le rejoindront. Si la première vague d'Algériens s'établit à Damas pour être plus près de l'Emir, leurs enfants et leurs petits-enfants, en revanche, voleront de leurs propres ailes. Certaines s'établiront à Alep, d'autres au Yémen, en Jordanie, quelques-uns en Egypte où ils se fondront dans la masse. Très jalouses de leur origine et même fières de les exhiber, des familles feront volontairement suivre leurs noms par le qualificatif identitaire de «El Djazaïri». En 1962, au lendemain de l'Indépendance, beaucoup d'entre elles viendront en pèlerinage pour visiter le pays de leurs ancêtres. Parmi elles, l'Emir Saïd, petit-fils de l'Emir. Un avion spécial sera même affrété pour rapatrier ceux qui le désiraient. Il n'est pas inutile de rappeler, dans ce même contexte, qu'une très forte délégation de descendants des anciens prisonniers de Nouvelle-Calédonie est venue, elle aussi, voir cette Algérie pour laquelle leurs aïeux ont tout donné et tout sacrifié. Indépendamment de cette émigration de masse vers les pays du Proche et du Moyen-Orient, des personnalités de premier plan ont également marqué leur présence sous ces climats même si elles sont totalement oubliées aujourd'hui. Leïla El-Djazaïri par exemple, a imposé sa voix et son talent sur les planches dans les années 1950 au Caire où elle a, d'ailleurs, joué aux côtés d'un monstre sacré de la chanson et de l'écran : Mohamed Abdelwaheb. Un autre Algérien, originaire de Tiaret, Hamimi, s'établira volontairement en Egypte après avoir coupé tous les ponts avec son pays et se consacrera à la lutte pour l'émancipation des peuples opprimés. Il décédera dans un crash d'avion au-dessus du Pakistan, alors qu'il se rendait en Russie pour une conférence mondiale. C'était en 1948. Un très beau livre, écrit par le journaliste Amar Belkhodja, de Tiaret lui aussi, lui sera consacré. Avec 320 francs n Partis en France dans les années 70 en qualité de touristes, quand le visa n'était pas exigé, certains algériens n'ayant pour tout viatique que les 320 francs lourds qu'on leur octroyait à l'époque des autorisations de sortie ont réussi non seulement à s'installer dans le pays hôte mais à brasser de juteuses affaires. Quelques-uns sont à la tête d'immenses fortunes comme celui qui a lancé à partir de Marseille, dans le style Tati, les vêtements Papi les moins chers d'Europe.