(1808-2008) : La ville d'Oran a célébré durant deux jours, -le 29 et 30- au sein de l'auditorium " Talahit Bekhlouf " de l'université d'Es Senia, le bicentenaire de l'Emir Abdelkader, premier fondateur de l'Etat algérien moderne. Plus de 250 enseignants et chercheurs aussi bien nationaux qu'étrangers ont pris part à ce rendez-vous unique qui s'est déroulé sous le titre générique de " Le legs de l'Emir Abdelkader entre le particularisme et l'universalité : approche analytique." En parallèle à cette manifestation, la ville américaine d'Elkader (Iowa, USA), qui est jumelée avec Mascara, la ville native du penseur, a commémoré cette date anniversaire à la faveur de la parution le 15 novembre dernier d'une nouvelle biographie de l'Emir signée John Kiser, lui-même résident d'Elkader. La sortie de cette biographie a été accompagnée d'une rencontre consacrée aux effets du contact avec le monde musulman. Mais encore, le 6 septembre la ville française de Lyon que dirigent les socialistes a érigé une place Emir Abdelkader dans le 7e arrondissement, au carrefour des avenues Jean Jaurès, Félix Faure et de la grande rue de la Guillotière. Le 20 février à l'Institut du monde arabe à Paris, le public était convié à une exposition philatélique sur l'Algérie et à une vente anticipée du timbre émis en France, avec une oblitération spéciale, à l'effigie de l'Emir. Bien avant le colloque international d'Oran, soit le 24 et 25 mai dernier, un séminaire a été organisé à Alger pour célébrer le bicentenaire du penseur algérien, intitulé " L'Emir Abdelkader et les droits de l'homme, visions d'hier et d'aujourd'hui ", cet autre rendez- vous a été initié par le Conseil de la nation (Sénat), durant lequel l'idée de faire un long-métrage sur cette figure légendaire était née. Un long-métrage qui selon la ministre de la Culture, Khalida Toumi, ingurgitera 500 milliards de centimes, mais sur lequel aucun cinéaste n'a été mis. Le Bicentenaire de l'Emir s'est étalé tout au long de cette année avec une publication d'une série d'ouvrages tout aussi biographiques qu'historique parmi lesquels on peut citer, " Commander of the Faithful. The Life and Times of Emir Abd El-Kader (Commandeur des croyants. La vie et l'époque de l'Emir Abdelkader) de John W. Kiser paru le 15 novembre chez Monkfish (New York). Après " Abd el-Kader par ses contemporains " chez Ibis Press en 2007, Ahmed Bouyerdène vient de récidiver avec " Abdelkader, l'harmonie des contraires " aux éditions du Seuil. " L'Emir Abdelkader et la franc-maçonnerie ", un essai de Bruno Etienne est, quant à lui, paru en avril 2008 aux éditions Dervy. En janvier dernier, les éditions Michalon ont publié " Le Jardin d'orient " de Martine Le Coz, un roman entre fresque historique et réflexion sur la foi. En septembre 2007, les éditions Phébus ont procédé, pour leur part, à la réédition de la " Lettre aux Français de l'Emir ". En marge de la Semaine de l'Algérie à Saint Pierre de la Réunion, qui s'est tenue en juin 2007 et qui a vu signer un accord de jumelage entre Bab el-Oued et Saint-Pierre, " une place faisant face au port est désormais baptisée Place Abd-El-Kader en hommage au chef de guerre rebelle pendant la campagne de colonisation de l'Algérie qui fut également un grand humaniste et acteur du rapprochement entre les peuples français et algérien ". L'actualité de l'Emir Abdelkader ce fut aussi l'inauguration, le 16 novembre 2006, d'une place à son nom dans le 5e arrondissement de Paris, où se trouvent l'Institut du Monde arabe et la Grande mosquée. La décision de donner le nom de l'Emir Abdelkader à cette place, située au croisement des rues Poliveau, des Fossés Saint-Marcel et Geoffroy Saint-Hilaire, a été prise par le Conseil de Paris en mai 2006. Lors de la cérémonie, Bertrand Delanoë, le maire de Paris, a salué en lui " un personnage magnifique " à travers lequel la capitale française veut " rendre hommage au peuple algérien ". " Quand j'honore l'Emir Abdelkader, je sais que j'honore un nationaliste qui s'est battu contre la France, qui n'acceptait pas la domination de son peuple par le peuple français. C'est aussi le sens de cette inauguration". L'universitaire Bruno Etienne, qui voit en lui "un pont entre Orient et Occident, dont la guidance est plus pertinente que jamais ", " un précurseur du dialogue inter-religieux et du refus du clash des civilisations ", a tenu à rappeler à cette occasion qu' "au plus fort des guerres de conquête, il établit un statut des prisonniers, cent ans avant la Convention des droits de l'homme de Genève ". Trois timbres à l'effigie de l'Emir ont été édités en décembre 2007 par Algérie Poste. Pour revenir au colloque d'Oran, le président du Comité scientifique de cette rencontre, Boualem Belkacemi, a indiqué que " ce colloque vise à impulser la recherche scientifique relative aux composantes civilisationnelles de la Nation algérienne dans une optique de valorisation de la mémoire de l'Etat et de la Nation algérienne. Cette rencontre vise également à travers l'étude du legs intellectuel de l'Emir Abdelkader à offrir l'opportunité aux chercheurs algériens et étrangers à examiner les liens entre l'héritage spirituel et intellectuel du fondateur de l'Etat algérien moderne et les questions de l'heure marquées, a-t-il estimé, par la confrontation entre les religions et les ethnies ". Le recteur de l'université d'Oran, Larbi Chahed a mis en relief l'importance de cette rencontre, indiquant à ce propos que " celle-ci s'attellera à identifier avec force détails les apports de l'Emir Abdelkader dont la pensée est intimement liée aux fondements de l'Etat algérien moderne et constitue, a-t-il souligné, un des maillons de la mémoire collective nationale ". Le même intervenant a exhorté, dans ce contexte, les historiens à traduire le legs intellectuel de l'Emir Abdelkader dans plusieurs langues étrangères en raison de la portée universelle de ce legs, a-t-il souligné