Histoire n Ahmed Laroui, doyen de la philatélie algérienne ; a considéré, hier que le timbre émis par la poste française et consacré à l'Emir Abdelkader est «une atteinte à l'image de cette personnalité nationale». Rencontré à l'Institut du monde arabe (IMA) où s'est déroulée la vente «premier jour d'émission» de ce timbre à l'intention des collectionneurs, M. Laroui, ancien animateur durant huit années d'une émission radiophonique sur le timbre algérien, a indiqué à l'APS que ce timbre comprend des «contrevérités» dénaturant la vie de l'Emir Abdelkader, fondateur du premier Etat moderne algérien. «Ce timbre est censé marquer le bicentenaire de la naissance de l'Emir Abdelkader, or cet événement a été célébré en Algérie l'année dernière. La Poste nationale a même émis, le 15 décembre 2007, un bloc feuillet de 3 timbres réalisés par l'artiste Sid Ahmed Bentounes», a expliqué M. Laroui, qui capitalise 65 années de passion pour le timbre et plus de 160 expositions à l'échelle nationale et à l'étranger. Pour ce philatéliste, ce timbre prête à l'équivoque puisque : «L'Emir Abdelkader est représenté bardé de médailles et d'insignes français dont une représentant nettement une croix», a-t-il indiqué. «Veut-on sous-entendre que l'Emir a embrassé le christianisme ?», s'est-il interrogé, rappelant que «l'Emir n'a jamais été chrétien. Le sous-entendre ou le suggérer est une grande atteinte à sa personnalité et à l'histoire du pays». Ce doyen algérien de la philatélie a rappelé que le premier timbre portant l'effigie de l'Emir Abdelkader a été émis 1950. Un second bloc de timbres a été édité en 1966 à l'occasion du rapatriement des cendres de l'Emir Abdelkader de Damas pour être réinhumées au carré des martyrs du cimetière d'El Alia. «Même la Syrie, pays vers lequel s'est exilé l'Emir jusqu'à sa mort, a émis un timbre sur cette personnalité nationale en 1966. Cette opération a été faite conjointement avec les services postaux algériens», a expliqué M. Laroui, qui a regretté la démarche «unilatérale» de la Poste française. «On aurait pu éviter toutes ces erreurs historiques si les responsables concernés de la Poste française s'étaient rapprochés de leurs collègues algériens pour se concerter sur cette initiative concernant une figure marquante de l'histoire nationale», a encore ajouté ce spécialiste du timbre algérien.