Lors d'une conférence régionale qui s'est tenue récemment au Centre des moudjahidine de Hammam Bou Hadjar et consacrée à un pan de l'histoire sur la résistance nationale menée par l'Emir Abdelkader, le Pr Boutaleb Chamyl, président de la fondation Emir-Abdelkader et arrière-petit-fils de l'Emir a devant un parterre composé de personnalités, historiens et autres universitaires venus de plusieurs wilayas de l'ouest du pays, rappelé avec forces détails le moment historique des négociations menées par l'Emir avec le général Lamoricière et ce, après avoir été trahi par l'occupant français. “Nous détenons la lettre écrite par l'Emir et adressée à Larmoricière. Nous l'avons eue très difficilement depuis quelque temps”, affirmera le Pr Chamyl en rappelant “les quatre conditions posées par l'Emir pour l'arrêt des hostilités et qui furent acceptées par son négociant. Il a demandé à partir à Alexandrie ou à St-Jean d'Arc, de connaître le sort réservé à son lieutenant et bras droit Bouhmidi, de permettre à tous ceux parmi les résistants qui le veulent de le suivre sans en limiter le nombre et enfin de prendre tous les biens. Selon le conférencier le livre écrit sur l'Emir ne mentionne pas qu'il y eût des négociations sur l'arrêt des hostilités le 23 décembre 1847 du côté de Ghazaouet à 5 km du lieu de la bataille de Sidi Brahim laquelle avait eu lieu du 23 au 26 septembre 1845 c'est-à-dire deux ans auparavant. C'est un endroit qui s'appelle Sidi Tahar. L'Emir était rentré du Maroc le 19 décembre 1847. Les hommes de l'Emir se seront mis à l'évidence qu'ils ne pourront jamais battre la France. L'Emir a mis tout ce temps pour qu'il entre dans la mémoire collective l'esprit de la résistance. Aucune force ne pouvait faire sortir la France, première puissance militaire du moment. C'était impossible de la faire sortir. L'Emir l'avait compris. Les Français aussi, ils ont compris. Le général De Neveu a informé ses chefs que la tactique de l'Emir c'est d'aller vers l'usure. Le Maroc avait massé 155 000 homme contre lui contre 125 000 du côté français. Si la France qui avait 125 000 hommes savait que l'Emir avait 1 200 hommes, elle n'aurait pas signé l'accord d'armistice, puisqu'en face il y a un ennemi faible. Il a écrit la même lettre au Duc Daumal, gouverneur d'Algérie, fils du roi de France en l'informant qu'il a accepté les conditions posées par l'Emir et qu'il lui a promis qu'il partira à Saint-Jean d'Arc. Quand le roi de France apprit la décision portant sur l'arrêt du combat, il était tout content car pour lui la guerre est finie. Il appelle le maréchal Guisot, ministre de la Guerre, pour lui dire que la guerre est finie avec l'Emir. Guisot n'était pas content en répondant : "Sir, vous ne l'avait pas tué vous ne l'avait pas capturé et il vient de remporter un armistice. C'est une défaite pour la France. Il faut le détourner de la France et on annonce qu'il s'est rendu”, dira Guisot à son roi."” Alors, Chamyl rappelle à l'assistance, “dans la lettre c'est écrit, l'Emir s'est rendu au rendez-vous fixé par Larmoricière. La lettre a été falsifiée puisqu'ils ont laissé la motion “s'est rendu” et ont effacé “au rendez-vous” alors que “par” a été remplacé par “a”. Le rendez-vous pour ramener l'Emir à Alexandrie a été fixé le 23 décembre 1847 sous un arbre qui existe toujours. Les Français ont même mis une plaque. L'Emir a fait la prière d'el asr à Sidi Brahim à 5 km de l'endroit où a été signé l'armistice (Sidi Tahar) ensuite ils sont rentrés à Ghazaouet à 18 h où il a passé la nuit. Le lendemain, il a été transporté sur le Solon, un bateau qui traverse la côte pour l'Alexandrie. Or, le contre-ordre est venu. Le Solon est arrivé à Mers El Kebir sous le fallacieux prétexte qu'il y a eu un problème technique et qu'il fallait changer de bateau. Le 25, il est monté dans un autre bateau qui s'appelle l'Asmodée, un grand bateau qui traverse l'océan Atlantique. Donc, pour aller à Toulon, l'Emir a compris qu'il venait d'être trahi et la France, pays des droits de l'Homme a commis un parjure. Donc pour eux l'Emir s'est rendu, ceux qui ne connaissent pas l'histoire continuent de dire qu'il s'est rendu. Et c'est à nous de rectifier le tir”, enchaînera le petit-fils de l'émir Khaled. Ainsi, pour l'histoire, l'Emir Abdelkader a fait l'objet d'une falsification. Il faudrait que tout le monde, professeurs, historiens et journalistes s'impliquent pour rétablir les faits tels qu'ils se sont produits. De son côté Hadj Belhacen Bouhadjar alias Si Mourad, ex-officier de l'ALN, a dédié une photo inédite au Pr Chamyl Boutaleb où figurent côte à côte l'Emir Khaled, son bras droit et lieutenant Rabah Ahmed Belghoul et le roi Mohammed V. Pour rappel, Rabah Belghoul a été enterré dans l'anonymat le plus total au cimetière qui porte son nom avant la création du cimetière des chouhada. Ahmed Ben Bella demeure la seule personnalité qui s'est recueillie devant sa tombe après avoir quitté sa résidence surveillée. Il va sans dire qu'à ce jour aucune institution n‘a pris le nom de Rabah Belghoul. La fondation s'est engagée à réhabiliter cette personnalité et homme de confiance de l'Emir Khaled qui a travaillé dans l'ombre. M. LARADJ