Il y eut d'autres grandes bibliothèques, dans le monde musulman. Celle de Boukhara, fréquentée par Ibn Sina dans sa jeunesse, contenait plusieurs milliers d'ouvrages. C'était une grande maison comprenant de nombreuses pièces garnies de hauts et imposants casiers où on rangeait les livres. Chaque pièce était consacrée à une discipline : langue et littérature, poésie, droit, philosophie, médecine… Des catalogues par matière, régulièrement mis à jour, étaient à la disposition des lecteurs. La bibliothèque brûla peu après le départ d'Ibn Sina de boukhara. Ses ennemis ne manquèrent pas de l'accuser d'avoir mis le feu aux livres pour garder, pour lui seul, les connaissances qu'il y avait puisées. La grande bibliothèque du Caire, aménagée au palais par le le prince fatimide al-Azîz, passe pour être l'une des plus grandes du Moyen-Age musulman. Elle comprenait quarante magasins dans lesquels étaient disposés un million six cent mille ouvrages dont plusieurs milliers étaient consacrés aux mathématiques et à la philosophie. Quand le fils d'al-Azîz monta sur le trône, il fonda à son tour une bibliothèque et la dota de milliers de livres, répartis dans dix-huit salles du palais. En Espagne, la bibliothèque d'al-H'akam contenait plusieurs centaines de milliers de livres. Le seul catalogue de cette bibliothèque comprenait quarante-quatre volumes ! Le Maghreb possédait également ses grandes bibliothèques, évoquées par Ibn Khaldûn dans ses écrits. Des villes comme Fès, Tlemcen, Béjaïa et Tunis attiraient des milliers d'étudiants, assoiffés de connaissances.