Outre les bibliothèques publiques, il y avait un grand nombre de bibliothèques privées, constituées à grands frais par les riches amateurs et les chercheurs. Il y eut ainsi de célèbres bibliophiles comme al-Asmâ'î, mort en 829, dont la maison contenait plusieurs milliers d'ouvrages. Le célèbre écrivain al-Dhah'id', mort en 868, passait son temps dans sa bibliothèque. Il y mourut, écrasé par la chute d'un casier plein de livres. Le vizir bouyide al Muh'allabî, mort en 963, possédait cent dix-sept mille livres. Un autre vizir ne se déplaçait jamais sans ses livres. On rapporte que lorsqu'il partait en voyage, il était toujours suivi de trente chameaux chargés de livres ! Ces hommes étaient, bien sûr, jaloux de leurs trésors, mais souvent, ils en faisaient profiter les autres. Ainsi Ali ben Yahia al-Munadjdjîm (mort en 888) tenait sa bibliothèque à la disposition des chercheurs et des étudiants qui recevaient gratuitement du papier pour prendre des notes. Il était au courant que les riches mécènes lèguent leurs livres aux mosquées et aux médersas. Ces dernières étaient parfois si douées qu'elles rivalisaient avec les grandes bibliothèques. Ainsi la médersa Mustansiriyya de Bagdad possédait une importante bibliothèque où les différentes sciences étaient représentées. Même après la chute de l'empire musulman et la conquête mongole, la passion des livres et des bibliothèques ne cessa jamais parmi les musulmans. Les conquérants qui avaient au début dispersé et brûlé des livres, furent conquis à leur tour par la foi musulmane et par l'amour des livres !