Réveil n Mohammed les regarde d'un air dégoûté. Il voudrait dire quelque chose, mais il préfère se taire. Il n'a pas envie de commencer sa journée par une querelle ! De bon matin, le quartier de la Goutte d'or, à Paris, s'anime. Il n'est pas très loin d'un autre quartier, non moins connu, Barbès-Rochechouart, où de nos jours se concentre une population d'origine émigrée : Maghrébins principalement, mais aussi Africains et, depuis quelques années, Asiatiques. Dans l'appartement d'un immeuble de la rue, Fadhéla s'emploie à réveiller les petits. Omar, le père, est déjà parti depuis une heure. Il travaille dans un bar-restaurant, et le service commence très tôt. Fadhéla essaye de ne pas faire de bruit. Il y a, en plus des petits, Tahar et Sami, le grand, Mohammed, âgé de vingt ans. Tahar et Sami vont au collège, tandis que Mohammed, qui a été recalé au bac à trois reprises, est à la recherche d'un emploi. Fadhéla s'approche des petits. — réveillez-vous ! Elle a parlé à voix basse, mais Mohammed est réveillé. — laisse-moi dormir ! — les petits doivent aller à l'école ! — moi, je ne vais pas à l'école ! Il s'enfouit le tête sous ses draps. — n'oublie pas que tu dois aller chercher ta tante à l'aéroport ! — l'avion n'arrive qu'à dix heures trente ! — tu dois te préparer ! — laisse-moi dormir, s'il te plaît ! — dors, je te réveillerai à sept heures ! — huit heures… — fainéant ! Elle se tourne vers les petits. — réveillez-vous, vous allez arriver en retard ! Les petits s'agitent. — c'est trop tôt ! La mère arrache les draps. — levez-vous tout de suite ! Tahar et Sami se lèvent. — c'est bon, on se lève, grogne Tahar. — pas moyen de dormir ! dit Sami. — allez faire votre toilette ! Du coup, Mohammed n'a plus envie de dormir. Il s'assoit sur son lit. — parfait, dit Fadhéla, je vais préparer le petit-déjeuner. Elle sort. — elle nous réveille et elle n'a pas préparé le petit-déjeuner ! proteste Tahar. — elle aurait pu nous réveiller après l'avoir préparé… Cela nous aurait laissé un petit quart d'heure de sommeil de plus ! Ils regardent leur frère. — tiens, toi aussi, tu te lèves… Mohammed hausse les épaules. Il n'a pas envie de commencer sa journée par une querelle ! (à suivre...)