Chaque soir, les femmes se rencontrent à tour de rôle chez l'une ou l'autre. Voisines ou parentes, ces soirées sont pour elles un événement car on y voit de nouvelles mariées invitées d'honneur et on organise une sahra (soirée). Pour l'enfant qui jeûne pour la première fois, «on invite des femmes spécialement pour cet événement au tour d'une belle meïda (table basse) bien garnie de gourmandises telles que les samsa, ketayef, khchaf, ghribia, manche, el m'halbi et charbate», explique Mme Ziar «avec des gourmandises faites à la maison comme el-m'hancha à la pâte non pas aux diouls et le m'halbi à base de riz moulu à la main remplacé aujourd'hui malheureusement par la crème de riz industrielle chez certaines femmes. On passait de très bons moments chaque soir », poursuit El-Hadja Kheira Houari. Dès que les femmes arrivent après el f'tour, on leur sert les charbate au citron et à la cannelle, suivis du m'helbi à base d'eau de fleur d'oranger (préparée à la maison) servi dans une grande assiette décorée à la cannelle ou dans de petits ramequins. Après on sert du café au lait avec des gâteaux traditionnels (m'hancha, ghribia, cigares, ktayef). «Nous n'achetions jamais la zlabia avant le f'tour. C'est quand nous recevions nos invités que nous envoyions nos maris ou enfants avec des assiettes pour nous ramener la zlabia de chez des vendeurs tunisiens pour la servir toute chaude», se rappelle El-Hadja Cherifa. Pour finir, on servait essouhloub, une boisson chaude à base d'épices dont aucune maison koléacienne ne pouvait se passer. «Koléa ne connaissait pas le thé qui est d'origine saharienne. Mais plutôt «essouhloub à base de 7 épices dont la cannelle, le clou de girofle, le gingembre, la noix de muscade. El-kholdjlane, la noix asiatique, (djouza el k'kika) grains de poivre noir entier», nous informe Mme Ziar. Elle tient à rappeler que les femmes notamment les jeunes filles animaient leurs soirées en jouant de la derbouka et en interprétant des chants d'antan et des bouqalate. Durant les saisons chaudes, on se rassemblait dans la cour de la maison. Les vieilles se rappelaient le passé et les traditions tout en roulant m'katfa ou marna et les plus jeunes en faisant des travaux manuels (broderie, fetla, chaîne…)», nous explique encore El Hadja Houari, qui se désole de voir essouhloub disparaître. «Les gens maintenant remplacent cette boisson bénéfique pour la santé par des jus industriels et des boissons gazeuses.»