Us n Les familles algéroises, notamment celles de la Casbah, d'El Biar, de Télemly et de Bouzaréah célèbrent, chaque année, la nuit de la mi-ramadan. Une nuit riche en traditions. Pour cette circonstance bénie, mets et plats savoureux sont préparés et les proches conviés à partager le délicieux festin de l'iftar et à passer une soirée conviviale. Lors de cette nuit, la nouvelle belle-fille est invitée, à une soirée organisée en son honneur et lors de laquelle du henné est appliqué sur sa main droite pour bénir son adhésion à la famille qui lui offre, par la même occasion, un présent symbolique. Fatma, femme au foyer, habitant la Casbah, dit attendre avec impatience le ramadan pour mettre en exergue ses talents de cordon bleu. «Des moments de pur bonheur en ce mois sacré d'autant plus que mes enfants vivant à l'étranger le passent avec nous», confie-t-elle. Pour le 15e jour de ramadan, Fatma se fait un point d'honneur de perpétuer certaines traditions. L'application du henné sur les mains de ses petits-enfants qu'elle initie au jeûne fait justement partie de ces us qu'elle tient à ressusciter. Fatma précise que la nuit de la mi-ramadan est souvent une occasion de célébrer le premier jeûne des enfants. Pour la rupture de ce premier jeûne, l'enfant est invité à boire du cherbet, une citronnade préparée à base d'eau, de sucre et de citron, dans un récipient où une bague d'or ou d'argent est placée préalablement. On dit que cette pratique rend le jeûne plus facile, dit-elle. La célébration de cet événement se déroule dans une ambiance festive pour laquelle la grande famille et des voisins sont invités. L'enfant porte, ce jour-là, la tenue traditionnelle de sa région d'origine. Hadja Khadidja du Télemly évoque, pour sa part, les habitudes marquant cette nuit. Elle raconte qu'outre les mets préparés pour l'Iftar et les gâteaux prévus pour la soirée, la Bouqala ou el-fel (des présages) sont toujours de mise. La bouqala consiste en des dictons ou adages populaires que récitent les femmes et sont souvent de bon augure. Les femmes, plus particulièrement les jeunes filles, font chacune à leur tour, un nœud à leur foulard ou mouchoir et formulent un vœu, avant d'écouter la bouqala et de l'interpréter selon le vœu formulé. La nuit de la mi-ramadan est souvent l'occasion où une même table d'iftar rassemble jusqu'à cinq familles voisines. Cette table est souvent dressée au cœur de la maison pour rassembler ces familles afin de consolider les liens et d'effacer les rancœurs. Au retour de la mosquée après l'accomplissement de la prière des Tarawih, les familles décorent leurs lieux de rencontre avec de beaux tapis et du jasmin dont l'odeur adoucit l'atmosphère et crée une ambiance spéciale propice à la veillée et à la discussion autour d'un thé.