Cette année, le 27e jour de chaâbane a été fêté au mausolée Sidi Ali Mebarak où les familles se sont rencontrées au tour d'un grand couscous et de la rouina (blé moulu) aux rythmes des Aïssaoua. Les nouvelles mariées ont été les invitées d'honneur à côté des enfants qui jeûnent pour la première fois. Ils allument des bougies et mettent du henné pour la baraka. «Les notables de Koléa se portent volontaires pour s'occuper de la ouaâda et donnent la sadaka (offrande). Les uns restent au mausolée, les autres vont à la mosquée. Certaines familles aisées égorgent des moutons pour faire la sadaka de la viande et du couscous aux nécessiteux» explique khalti Fatma. On ne peut parler de chaâbane ou chaâbania à Koléa, sans parler de la préparation du vermicelle dit m'katfa, remplacé par le frik chez certains. Chaque femme doit rouler entre le pouce et l'index ce vermicelle pour sa chorba ramadanesque. «On prépare une quantité suffisante au moins pour la première semaine et on roule à fur et à mesure chaque soir avec nos invitées où nos filles une autre quantité tout en discutant et riant», nous dit khalti Fatma, «dans le cadre de la touiza, les femmes se rencontrent à tour de rôle chez l'une ou l'autre pour lui rouler sur des tamis toute sa m'katfa du mois en une soirée jusqu'aux premières heures de l'aube tout en discutant autour de la bouqala. Et elle se retrouve avec sa provision qu'elle n'a plus qu'à faire sécher sur des draps ou des plats mais à l'ombre pas au soleil», explique khalti Rabéa qui reçoit depuis une dizaine d'années des commandes de couscous et de m'katfa de certaines de ses proches résidant à l'étranger. «Certaines femmes ne se cassent plus la tête. Elles commandent ce qu'elles veulent avec leur argent. On peut même trouver cette m'katfa et que tout ce qui est traditionnel au marché», réplique-t-elle. Mme Ziar, elle, estime que «les vraies koléaciennes conservatrices n'ont jamais changé leurs traditions. Elles n'ont rien oublié car cela rentre dans leur patrimoine ».