Bilan L?état actuel du cinéma, à savoir le fait qu?il soit quasi inexistant, arrange les intérêts de l?institution. Initié en 1998 par Mohamed Chouikh, le Festival international du film de jeunesse de Timimoun est chaque année au rendez-vous, créant ainsi un espace de rencontre avec les amateurs d?images, de confrontation d?idées et de méthodes de travail et d?approche cinématographique. Le Festival international du film de jeunesse de Timimoun ? à l?origine Festival de Cannes Juniors ? est né de cette passion que le président du festival et réalisateur a pour le 7e art. «Il y a quelques années, j?ai tourné mes films à Timimoun, donc l?idée m?est venue de créer une manifestation qui encouragera les rencontres et activités cinématographiques et, par conséquent, provoquera des débats et soulèvera des problématiques liées à la crise du cinéma algérien. J?ai donc décidé de créer un festival», déclare Mohamed Chouikh, ajoutant : «Le but de ce festival consiste à montrer des films aux habitants de Timimoun, des films 35 mm, à créer un espace culturel, montrer les films des autres peuples, créer des liens, jeter des ponts entre plusieurs cultures, emmener des jeunes à l?étranger pour assister à des festivals dans le cadre d?échanges et de partage.» Il déclare également que «le Festival du film de jeunesse s?inscrit dans cet ordre d?idées qui est de rappeler qu?un cinéma existe, qu?il y a un déficit en matière de culture cinématographique et qu?il est donc nécessaire et urgent de réfléchir de manière juste et durable pour relancer l?industrie cinématographique». A ce sujet, Mohamed Chouikh insiste sur le fait que le cinéma est un acquis social, l?affaire de tous et que son existence dépend d?une volonté publique, donc collective : «Le cinéma doit être considéré d?utilité publique.» Il se trouve toutefois que le cinéma, tout comme le théâtre, n?est pas pris en considération, il n?est pas pris en charge, parce qu?il dérange. «Le cinéma dérange ceux qui veulent maîtriser l?impact de l?image sur l?esprit du téléspectateur», explique-t-il. D?où l?hostilité qu?affichent les autorités envers le cinéma. Car le cinéma est un lieu du «dit». Il se cristallise sur l?image, l?image qui devient expressive et en relief, laissant voir une réalité véhiculant un message fort, virulent sec et mordant. L?image est comme un miroir, une surface d?où se réfléchit, surgit une vérité repensée, rejetée par l?institution. L?image dénonciatrice, accusatrice, devient un discours qui, agissant comme une tornade, risque d?ébranler, de réduire en ruine l?idéologie dominante. L?on parle d?emblée de l?effet subversif de l?image, une image délétère, et c'est pour cette raison que l?institution se méfie de l?image, la craint. Une crainte sourde. Pour faire face aux menaces et aux dangers de l?image, l?institution va jusqu?à assassiner le cinéma, c?est le cas chez nous où il n?y a plus de cinéma, il n?y a plus d?images, c?est une volonté politique de rendre le 7e art inexistant dans nos m?urs et dans nos traditions culturelles afin de maintenir sa position, d?assurer ses privilèges, de prolonger sa longévité politique.