Bilan Le festival du film de Timimoun suscite en nous quelques réflexions et nous pousse à nous interroger sur l?activité cinématographique en Algérie, son état actuel et son devenir. L?expression cinématographique en Algérie n?existe plus et cela pour des raisons que nous connaissons tous, à savoir la liquidation, depuis près de dix ans, des entreprises étatiques qui prenaient en charge le cinéma, tant sur le plan de la production, de la réalisation que de la diffusion. Si les entreprises ont failli à leur devoir, si elles ont été acculées à la faillite, c?est seulement parce qu?il n?existait pas une réelle politique, dynamique et efficace, en mesure de maintenir le cinéma en vie et de l?inscrire dans un environnement favorable à son évolution, propice à son épanouissement. L?Etat ne considérait pas le cinéma comme étant une industrie, un corps de métiers à part entière, aidant ainsi à l?expansion positive de l?économie nationale, à diffuser sa culture et son mode de vie, il le considérait et l?utilisait comme un instrument par lequel il véhiculait son image, un outil de propagande. Toutefois, certains cinéastes se sont employés à ne pas inscrire le cinéma qui est un art autonome dans cette visée idéologique. L?institution s?est désengagée du cinéma, laissant un vide effarant. Une lacune qu?il faut absolument combler. Une problématique à laquelle il est essentiel de réfléchir. Réfléchir sur une volonté politique commune qui favorise la renaissance ? et le renouveau ? du cinéma. L?Etat, certes, ne peut soutenir financièrement le cinéma, le prendre totalement en charge, comme il le faisait dans le temps, mais cela ne le dispense pas pour autant de créer un environnement dans lequel il y aurait l?expression pleine de l?image. C?est-à-dire mettre en place des instances de légitimation aidant à la continuité de la création cinématographique, multiplier et perpétuer les festivals (au lieu de les torpiller), encourager la création (au lieu de bâillonner et de décourager les jeunes talents). Ensuite, il faut qu?il y ait des mécènes, car sans mécène, la culture ne peut survivre, évoluer et s?exprimer pleinement dans sa diversité. Par ailleurs, les cinéastes doivent s?organiser en association, partager les mêmes ambitions et avoir les mêmes centres d?intérêt. Ils doivent se constituer en une force capable d?agir et d??uvrer. La création de fondations est indispensable pour ce genre d?action. Car les fondations financées par des mécènes offrent aux jeunes talents la possibilité de créer l?image et de réaliser des films. Déjà le festival du film de Timimoun, initié depuis 1998 par Mohamed Chouikh, a permis à des jeunes esprits créatifs, pleins d?intuition et d?imagination, de réaliser, même si cela s?est fait à l?aide de caméra vidéo, donc avec peu de moyens, des courts-métrages. Le cinéma doit être une culture, et la culture doit être une pratique commune quotidienne exercée par la collectivité. L?Etat doit se rendre compte que le cinéma est plus qu?une image. C?est un ensemble de métiers permettant de créer des emplois, de résorber en partie le chômage. L?Etat doit être conscient des différents enjeux artistiques sociaux et économiques et même politiques du cinéma.