Bilan n 500 greffes rénales ont été réalisées depuis 1986, date de la première transplantation en Algérie. 22 ans plus tard, le bilan est peu satisfaisant aussi bien pour les praticiens que pour les malades en liste d'attente. Pour le Pr Tahar Rayane, vice-président de l'association algérienne de néphrologie, le don d'organes passe nécessairement par des campagnes de sensibilisation à l'adresse de toute la société qui demeure peu sensible à ce dossier. Il appelle, dans ce contexte, au changement des mentalités de certains citoyens qui ne sont toujours pas disposés à accepter le don et le prélèvement d'organes sur des cadavres. Si dans le subconscient collectif le prélèvement à partir d'un greffon cadavérique est une forme de mutilation portant atteinte à la dignité de la personne décédée, la médecine moderne estime que le donneur vivant, en sus du fait qu'il soit exposé à de multiples risques, doit être préservé comme ultime recours. S'exprimant lors d'une journée d'étude organisée il y a quelque temps au CHU de Béni Messous à l'occasion de la journée nationale du don d'organes, le Pr Rayane a exhorté les autorités publiques à élaborer une carte de donneur d'organes à l'image de la carte d'identité, du permis de conduire ou encore la carte de groupage pour faciliter le prélèvement d'organes à partir des cadavres. Le professeur a aussi insisté sur l'importance de donner tous les moyens indispensables au développement des infrastructures d'accueil à même de faciliter l'opération. Pour être dans les normes, l'Algérie doit réaliser annuellement près de 1 600 greffes, selon l'intervenant. Mais, seulement 116 greffes ont été réalisées en 2007. Un chiffre qui est bien en deçà de la demande estimée à quelque 500 nouveaux cas par an. Le Pr Ben Ziane, spécialiste en néphrologie au même CHU, est, quant à, lui formel : «On ne peut pas avancer dans ce domaine si on continue à compter uniquement sur les donneurs vivants.» En effet, 100% des greffes sont le fait de donneurs vivants apparentés. Le don d'organes, dont les débuts remontent à 1886 en Europe, se limite aux plus proches parents, enfants et fratrie. Un cercle restreint qui permet à peine à une petite minorité de sortir du cauchemar de l'hémodialyse, par exemple. Il est, donc, impératif, soulignent les spécialistes, d'élargir chez le donneur vivant le lien de parenté du premier au second degré, voire au troisième sous la supervision d'un magistrat ou d'un comité d'éthique. Ils suggèrent d'autoriser aussi le don du conjoint que la loi interdit aujourd'hui.