Avec seulement 120 à 130 greffes rénales par an, l'Algérie enregistre un déficit énorme en matière de prise en charge des insuffisants rénaux nécessitant une transplantation. Ceci a abouti à la mise sur la liste d'attente, de 6000 patients dont un nombre conséquent de diabétiques de type 1 c'est à dire les jeunes enfants. Une situation difficile à gérer si le prélèvement sur mort encéphalique ne se développe pas. La sonnette d'alarme a été tirée jeudi par la Société algérienne de néphrologie dialyse et transplantation lors d'une conférence sur la thématique de "transplantation rein et pancréas : perspectives de développement". Lors de cette rencontre animée par le professeur Jean-Paul Squifflet, éminent chirurgien de l'université de Liège ( Belgique) venu réaliser des interventions chirurgicales avec de nouvelle techniques, la problématique de prélèvement sur cadavre comme ultime solution a été au centre des débats. Pour ce professeur ayant à son actif quelques 2000 greffes rénales et ayant effectué 7 greffes (14 interventions) dans notre pays en une semaine, " le prélèvement sur un mort reste une solution salutaire pour la prise en charge des insuffisants rénaux notamment, les diabétiques de type 1 et 2 avec une possibilité de combiner cette transplantation avec la greffe du pancréas s'il y a nécessité" dira t il. Le professeur Rayane, président de la SANDT, note qu'il y a à peu près 839 patients qui vivent avec un rein transplanté et près de 389 greffés en Algérie seulement. Un chiffre considéré comme trop bas par rapport aux normes OMS. Il y a donc retard dans la transplantation rénale. Le Pr Rayane observe que les possibilités de prélèvement sur cadavre restent limitées. Les prélèvements ne dépendent pas forcément de problèmes d'éthique ou à caractère religieux, mais plus de problèmes organisationnels. A ce sujet, le professeur déplore la non mise sur pied de l'Agence algérienne de greffe d'organes et de tissus "bien que les textes soient prêts. Ceci permettra de répondre aux patients en attente en toute objectivité et sans passe-droit" affirme t il. Ce listing permet aussi de déterminer les besoins en organes facilitant par la même occasion le prélèvement lorsque on est devant un cadavre en bon état. L'orateur affirme que la Société algérienne de néphrologie cherche à réactiver la campagne de dons d'organes. Il n'y a généralement par d'opposition quand la sensibilisation est bien menée. Pour les spécialistes, la greffe a connu beaucoup de progrès en Algérie. En matière de rejet et des décès qui s'ensuivent, s'il y a décès, disent-ils, ce n'est pas parce qu'il y a complication qu'on peut dire qu'il y a échec de la transplantation. Le taux d'échec en Algérie est en conformité avec les normes internationales. Sachant qu'avec la greffe rénale, la qualité de vie se transforme. L'urgence aujourd'hui est donc de remettre sur la table ce dossier de «greffe rénale à partir de cadavres» diront les intervenants. Ces derniers ont affirmé que la greffe pancréatique sera lancée avant la fin de l'année en cours. La présence du Pr.Squifflet a permis aux chirurgiens algériens de se frotter à un spécialiste hors pair et de s'imprégner des techniques de prélèvements sans recourir à une grande incision et l'art de recoudre. Ainsi, la lobotomie a cédé la place à la cœlioscopie cette méthode qui sert à effectuer deux trous et faire balancer le rein vers le devant pour le récupérer ensuite par une petite plaie. Des cours ont été dispensés aux jeunes chirurgiens et résidents algériens durant le séjour du professeur sur les nouvelles techniques opératoires.