Bilan n 360 greffes rénales ont été réalisées depuis 1986, date de la première transplantation en Algérie. 22 ans plus tard, le bilan est peu satisfaisant, aussi bien pour les praticiens que pour les malades en liste d'attente. Pour être dans les normes, l'Algérie doit réaliser annuellement près de 1 600 greffes, selon le Pr Tahar Rayane, secrétaire général de la Société algérienne de néphrologie, dialyse et transplantation (Sandt). Ce sont à peine 116 greffes qui ont été réalisées en 2007. Un chiffre qui est bien en deçà de la demande, estimée à 600 nouveaux cas par an. Les insuffisants rénaux en quête d'une greffe de rein sont âgés entre 30 et 50 ans. Cette frange est appelée à s'élargir avec l'augmentation de l'espérance de vie pour toucher les sexagénaires, estiment les spécialistes, présents, hier, lundi, à la journée nationale du don d'organe. La transplantation dans tous ses aspects juridique et religieux a été au cœur des débats de cette journée scientifique, qui a réuni le corps médical, les patients, les juristes, ainsi que les autorités religieuses. La prise en charge des insuffisants rénaux est onéreuse pour l'Etat et la greffe du rein constitue une solution efficace pour cette pathologie. Mais, pour le Pr Benziane, on ne peut pas avancer dans ce domaine si on continue à compter uniquement sur les donneurs vivants. En effet, 100% des greffes sont le fait de donneurs vivants apparentés. Le don d'organe est limité aux parents du premier degré, enfants et fratrie. Un cercle restreint qui permet à peine à une petite minorité de sortir du cauchemar de l'hémodialyse. Il est impératif, ainsi, soulignent les spécialistes, d'élargir chez le donneur vivant le lien de parenté du premier au second degré, voire au troisième degré, sous la supervision d'un magistrat ou d'un comité d'éthique. Autoriser aussi le don du conjoint que la loi interdit aujourd'hui. «C'est pour éviter le trafic d'organes entre les conjoints que le législateur a instauré cette loi», explique le Pr Rayane. Ce dernier a exhorté les autorités publiques à élaborer une carte de donneur d'organe, à l'image de la carte d'identité, du permis de conduire ou encore de la carte de groupage, pour faciliter le prélèvement d'organes à partir des cadavres. La législation algérienne, rappelle l'intervenant, «autorise le don d'organes et le subordonnent à une acceptation du donneur de son vivant, mais ne prévoit pas de carte d'acceptation du donneur». Du point de vue législatif, le professeur Djabi Abdelkrim, de l'Ecole supérieure de magistrature, a précisé que la loi garantit la gratuité du don d'organe, car, a-t-il expliqué, «la dignité humaine qui est préservée sur les plans religieux et juridique ne saurait souffrir de la moindre violation». De son côté, le Pr Saïd Chibane, ancien ministre des Affaires religieuses, a affirmé que «les académies islamiques sont unanimes à autoriser le recours à la greffe d'organe pour sauver une vie humaine, à condition qu'elle soit pratiquée par des spécialistes avec l'approbation du donneur et de sa famille».