Tendance n Avec les mutations économiques de notre pays et la multiplication de petites unités industrielles de recyclage, de nombreux récupérateurs ambulants se sont reconvertis dans ce créneau plus rentable. Des dizaines de voitures utilitaires sillonnent les bidonvilles et les quartier pauvres pour récupérer des objets ramassés par des enfants dans les décharges publiques pour les revendre aux marchands moyennant quelques dizaines de dinars. Ils récupèrent des cageots en plastique, des bouteilles d'eau minérale, des bouteilles en verre, des ustensiles de cuisine en aluminium ou en fer, du papier carton et, surtout, du cuivre. Leur méthode et la même, ils klaxonnent à leur arrivée et crient pour avertir les habitants du quartier de leur présence. Munis d'une balance souvent truquée pour tricher sur le poids, affirment les petits bambins qui leur vendent les objets, ils font semblant de peser la marchandise en sachant pertinemment qu'ils escroquent les pauvres gamins. Une fois chargées, les voitures sont de véritables cavernes d'Ali Baba. On y trouve pêle-mêle, des cageots, en tous genres, du bois, des bouteilles, du verre, des fils électriques… Rencontré dans un bidonville à Staouéli, Ahmed, 48 ans, explique qu'une fois le butin acheminé à domicile, on procède à un tri où l'on sépare les objets pour constituer des stocks de chaque matière. Et comme ils ont l'habitude de travailler avec certaines unités industrielles, ils ont toujours des commandes à remettre. Ahmed qui fait ce métier depuis cinq ans, révèle qu'il ne chôme jamais. Selon lui, c'est surtout le cuivre qui rapporte gros. «C'est un métal très cher même sur les marchés étrangers. Une tonne de ce métal coûte plus de 2 000 dollars. Nous l'achetons entre 70 et 100 DA le kilo chez les enfants dans les bidonvilles et, nous le revendons entre 300 et 400 DA le kilo aux unités de production», avoue-t-il. Depuis l'émergence de gigantesques unités de fabrication d'emballages, comme les usines Tonic de Bou-Ismaïl, c'est la filière papier qui intéresse les récupérateurs. «Tonic dispose de deux unités de dépôt, une à Bouzaréah et une autre à Oued S'mar. Nous leur revendons le papier à 7 000 DA la tonne et ça marche très bien», nous révèle Ahmed. Le plastique aussi rapporte gros pour ces récupérateurs qui écoulent leur butin chez les petites unités de transformation de plastique. Comme c'est le cas dans cette petite fabrique de bouteilles pour produits détergents à Staouéli où nous avons rencontré trois voitures chargées de bouteilles de tout genre et de morceaux de plastique, qui attendaient d'être déchargées. Approchés, les revendeurs de plastique refusent de donner la moindre information sur la provenance et la destination de leurs marchandises. Mais le propriétaire de la fabrique nous a révélé qu'il leur achète le plastique entre 50 et 80 DA le kilo, alors qu'ils ne donnent que 10 ou 15 DA pour les bambins qui les ramassent. En somme, la filière gagnerait à être réglementée et organisée.