Espoirs n Redresser l'économie, faire la paix au Proche-Orient, sauver la planète du réchauffement, combattre la faim ; Obama est attendu comme le messie sur tous les fronts, soulignent des experts. «Vu l'ampleur, aucun mortel, même en état de grâce, n'est en mesure de satisfaire le niveau des attentes qu'Obama cristallise», estime Geoffrey Garrett, directeur du Centre d'études américaines de l'université de Sydney. «Cependant, imaginons qu'il comble ne serait-ce que 50% ou 75% des attentes placées en lui, cela serait déjà extraordinaire. Et je pense qu'il en est capable», ajoute-t-il. Entré dans l'histoire comme le premier Président noir des Etats-Unis, Barack Obama héritera d'une série de défis internationaux d'une ampleur inédite lorsqu'il entrera en fonction le 20 janvier prochain. Les Etats-Unis et le monde, dans leur sillage, traversent ce qui est considéré comme la plus grave crise financière depuis celle de 1929, alors qu'ils sont engagés dans deux guerres incertaines en Irak et en Afghanistan. Mais M. Obama, dont le père était un Kenyan, pourra également tourner son regard vers l'Afrique, où de nombreux dirigeants l'ont invité à contribuer à stabiliser leur continent, déchiré par plusieurs conflits. «Votre victoire (...) donne l'espoir à des personnes comme nous qui aspirons à une nouvelle aube pour la paix, l'unité et le progrès», lui a ainsi déclaré Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo (RDC), lui-même actuellement aux prises avec une violente rébellion armée dans l'est du pays. M. Obama devra également, comme ses prédécesseurs, se pencher sur le problème du Moyen-Orient, où le Président palestinien, Mahmoud Abbas, a réclamé cette semaine une accélération des efforts pour tenter de régler le conflit israélo-palestinien. Sollicité sur tous les fronts, Barack Obama a reçu un nombre impressionnant de doléances, dont certaines aux allures de bouteille à la mer. Le directeur général de l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Jacques Diouf, l'a ainsi appelé à faire de la lutte contre la faim une de ses priorités en accueillant un sommet mondial sur ce sujet au premier semestre 2009. Les Etats-Unis devraient, «durant le premier semestre 2009, assumer un rôle de chef de file dans l'organisation d'un sommet mondial sur la sécurité alimentaire afin de dégager un vaste consensus sur l'élimination définitive de la faim dans le monde», a estimé M. Diouf dans un communiqué. «Obama bénéficie d'une bienveillance sur le plan international dont il peut profiter dans les premiers six ou douze mois, au moment où il devra fournir des résultats en matière de politique étrangère», note Alan Dupont, un expert auprès du centre d'études stratégiques de l'université de Sydney. «Obama est un homme dont la plupart des gens diraient qu'il recèle les promesses d'un dirigeant vraiment efficace, potentiellement d'un grand dirigeant», ajoute-t-il, tout en admettant qu'«on ne sait pas ce qu'il va donner». «Les espoirs qu'il a soulevés sont si forts que la déception sera son ennemie dès le premier jour», écrivait cette semaine Laurent Joffrin, directeur de Libération (gauche), l'un des principaux quotidiens de la presse française.