Variété n Dans ce marché, il y a des vendeurs de diverses origines, dont beaucoup viennent des régions montagneuses. Mila attire un grand nombre de clients qui affluent de toutes les wilayas voisines en quête de «la pièce rare», le mouton à sacrifier le jour de l'Aïd el-adha. Nombre de forains, dont certains visitent pour la première fois Zeghaïa, sont à la recherche de ce mouton «à cinq pattes», qui soit à la fois, digne d'être sacrifié pour l'aïd, conforme aux exigences rituelles, qui ne soit, ni trop maigre ni trop gras, nourri «bio», ayant des cornes bien «filetées» et surtout, proposé à un prix intéressant. Des visiteurs du souk de Zeghaïa, qui a pris des allures de «capitale régionale du mouton» pour quelques semaines, ne sont là, en réalité, que pour profiter des curiosités qu'offre ce rassemblement bigarré, où l'on ne cesse de s'étonner, chaque jour un peu plus, du spectacle qui ferait le bonheur de scénaristes de sketchs que l'on passe à la télé, durant le ramadan. On peut rencontrer, en effet, sur le marché de Zeghaïa, un charlatan qui vend des plantes médicinales, et qui se transforme occasionnellement, en «bureau d'information», usant de son porte-voix, pour venir au secours d'un forain à la recherche d'un bélier, acheté et perdu la veille. Les éléments de la gendarmerie spécialement mobilisés pour régler la circulation automobile autour du marché, ont du mal à libérer le passage à ce point de la RN79, entre Mila et Ferdjioua, où la chaussée, de part et d'autre, est envahie de voitures immatriculées de toutes les wilayas de l'est du pays. De prime abord, le visiteur a du mal à distinguer le vendeur de l'acheteur, tous agglutinés autour des béliers et des moutons, avant de les reconnaître enfin, par le ton que prennent les uns et les autres, en marchandant, d'un ton plutôt arrogant, quand il s'agit du vendeur. Pour Boudjemaâ, 50 ans, originaire de Mila, les prix sont assez abordables, par rapport à ce qu'on pouvait attendre après avoir prêté une oreille complaisante à des récentes rumeurs plutôt alarmistes. Un autre acheteur situe entre 15 000 et 20 000 DA le prix d'un «Aïd honnête» pour un chef de famille modeste. Pendant ce temps, l'herboriste transformé pour la circonstance en «annonceur» bénévole, répète le même appel : il s'agit de retrouver le même bélier, perdu la veille. Des visiteurs harassés par cette ambiance de grandes foules, trouvent le temps de déguster quelques brochettes, devant les barbecues de gargotiers improvisés. Bientôt, tout ce monde, venu de tous les coins de la région et rassemblé dans ce marché, va se disperser, et nombreux annonceront fièrement à leurs enfants, qu'ils sont allés jusqu'à Zeghaïa, pour acheter le mouton de l'Aïd.