Tendance n La presse algérienne a habitué ses lecteurs aux articles qui traitent des problèmes de la société et des erreurs des politiques. Tous les journaux algériens réservent chaque jour de larges espaces aux problèmes du pays dans divers domaines. Nos éditions font souvent dans le «sensationnel» et les rédacteurs ne ratent pas la moindre occasion pour tirer à boulets rouges sur les responsables politiques de différents niveaux de responsabilité. Il est rare qu'un journal rapporte, et encore moins commente, une bonne initiative prise par un citoyen, une communauté. Et quand il le fait, il lui consacre un espace insignifiant. C'est comme si tous les Algériens, sans exception, ne faisaient rien de bon. Ce qui est, d'ailleurs, dénué de tout fondement car jusqu'à preuve du contraire, des bonnes volontés existent dans ce pays. Sauf que leurs actions, ils les font sans bruit et il appartient justement à la presse de rapporter ces initiatives susceptibles de servir d'exemple aux autres. Cette tendance négative de nos journaux ne laisse pas les lecteurs indifférents. «Depuis une dizaine d'années, la presse algérienne nous a habitués à consacrer ses ‘'unes'' à des informations sécuritaires, de corruption et de mauvaise gouvernance. N'y a-t-il pas des gens dans ce vaste pays qui ont fait quelque chose de bien, qui ont rendu service ou qui ont investi et réussi dans leurs projets ? Pourquoi ne pas parler de ces choses-là dans la presse ?», s'indigne Mohamed, pharmacien à la rue Didouche-Mourad, au centre d'Alger. Il affirme qu'il n'achète le journal que pour lire les pages sportives et internationales. Mais même pour ces deux thèmes, Mohamed trouve que notre presse ne voit que le mauvais côté des choses : «On ne se focalise que sur les querelles entre les dirigeants et les joueurs, les scandales financiers et administratifs. On ne rapporte que les échecs de nos athlètes (certes nombreux), mais on ignore les exemples de discipline et les bonnes initiatives de certains dirigeants et athlètes. Mais il n'y a pas que la presse qui encourage, sans le vouloir, cette tendance. Notre culture aussi, affirment certains en mettant en avant la richesse du vocabulaire «passif» et «négatif» des Algériens. Toute une série de proverbes, de citations et de dictons incitent à ignorer son prochain, à ne penser qu'à son propre intérêt et à favoriser les solutions et les réponses faciles. Deux proverbes populaires sortent du lot : «koul ‘outla fiha khir (tout retard est porteur de bien)» et «el-moumen yabda fi rouhou (le vrai fidèle commence par lui-même)». Sans oublier la réplique qu'on prête au célèbre Djehha quand on lui a signalé que le feu s'est déclaré dans son village : «takhti rassi (qu'il épargne ma tête)»…