Le directeur de L'Expression, M.Ahmed Fattani, a proposé la création d'un club de presse parlementaire. Les médias font partie du processus législatif. Ils peuvent avoir une énorme influence sur l'idée que construit l'opinion publique sur le travail des institutions législatives, l'APN et le Conseil de la nation. Les deux parties sont-elles conscientes de leur rôle? C'est la principale problématique à laquelle tenteront de répondre les premiers concernés durant quatre jours à l'occasion d'un atelier sur la relation du Parlement avec la presse, organisé en partenariat avec le Cnsl (National conférence of state législature), sous l'égide de l'Assemblée nationale. M.Steven Raushenberger, membre de la délégation américaine et sénateur de l'Etat de l'Illinois, a soutenu que le programme de partenariat avec l'Algérie, entamé depuis plusieurs années, est arrivé à son terme, mais le département d'Etat américain, qui «accorde un intérêt particulier à votre pays, a tenu à le renouveler et à l'appuyer financièrement». Il faut savoir que dans le cadre du partenariat algéro-américain, six ateliers nationaux et régionaux d'étude et de formation ont été organisés au bénéfice du Parlement algérien. Les élus ont profité de quatre voyages d'étude et de formation. En somme, quelque 500 personnes, députés, sénateurs, et personnels du Parlement ont jusqu' a présent bénéficié à divers degrés de ce programme. Steven Raushenberger a insisté sur l'opportunité de mettre au point une stratégie de communication avec les médias, qui changera et se développera avec le temps. «Il est important de commencer par avoir une stratégie.» Tout plan de communication, selon les experts du Cnsl, devra contenir six volets, à commencer par le développement de la communication, la mise au point d'un plan de crise et la définition des messages. Le président de l'APN, M.Amar Saâdani, a estimé dans sa communication que le Parlement a besoin des médias pour rendre compte à l'opinion publique du travail qu'effectuent les représentants élus du peuple, mais les médias «en tant que vigiles de la société, ont aussi besoin du Parlement pour que leur soit fournie une information suffisante, crédible et honnête». Mais la communication entre les deux parties, presse d'un côté et pouvoir législatif de l'autre connaît souvent des obstacles. Quelles en sont les raisons? La question a été développée par les premiers concernés dans une séance consacrée dans l'après-midi, à un thème principal qui est celui de la relation ambivalente «amour-haine» entre la presse et les décideurs politiques. Le député Fayçal Guemaz, a soutenu que journalistes et élus ont un point similaire, celui d'exprimer les préoccupations des citoyens. Défendant son corps, il souligne que, souvent, l'effort du député est ignoré par les médias, auxquels on fait le reproche de s'intéresser au sensationnel au détriment des problèmes que rencontrent les citoyens dans leur vie quotidienne. Preuve en est, les journalistes rapportent rarement dans leurs comptes rendus les questions orales des élus ayant trait aux «problèmes locaux». Souvent, selon l'orateur, les écrits journalistiques laissent apparaître des «préférences partisanes» alors que l'objectivité est censée être l'épine dorsale de ce métier. Il a proposé dans ce sens la mise en place d'un code de déontologie qui régit la relation entre les deux pouvoirs. En attendant ce jour, le journaliste est perçu comme «une épée» au-dessus de la tête du Parlement. «L'élu ne doit pas avoir peur de la presse». Prenant la parole au nom de la corporation, M.Ahmed Fattani, directeur de la publication du quotidien L'Expression, a tenu, de prime abord, à préciser que «les journalistes ne sont pas en guerre contre les parlementaires, bien au contraire, nous sommes à chaque fois ravis d'ouvrir nos colonnes aux politiques pour exprimer leur vision». Fattani a rappelé à l'assistance que l'expérience algérienne est très jeune. «Nous ne pouvons pas se targuer d'avoir une grande tradition dans le domaine de la communication entre la presse et le Parlement au vu de la très jeune expérience des deux pouvoirs». La presse qui exprimait une vision unique jusqu'à 1988, a su jouer son rôle avec l'ouverture démocratique en tenant un langage de vérité et de sincérité. Elle su même pallier la paralysie que connaissait le pouvoir législatif de 1992 à 1997 à cause de la situation sécuritaire. Le directeur de L'Expression, nonobstant le rôle important joué par le pouvoir législatif, n'a pas manqué de mettre les députés devant leur responsabilité. «Vous avez approuvé en 2001 des articles de presse pénalisant les écrits de presse. Vous comprenez dès lors que l'acte de guerre ne vient pas des journalistes.» Il rappelle qu'en vertu de l'article 119 de la Constitution les parlementaires ont la prérogative de proposer des lois, or rien n'a été fait pour rattraper cette démarche. Enfin, le conférencier a souligné que les parlementaires constituent une source accessible d'informations face aux défaillances de la communication institutionnelle. Dans le même sillage, il a proposé la création d'un club de presse parlementaire comme cela est le cas dans plusieurs pays démocratiques. A noter que, outre, le directeur de L'Expression, M Ahmed Fattani, les directeurs des autres principaux quotidiens nationaux ont été conviés à ce séminaire. Il s'agit des directeurs d'El Moudjahid, de Liberté, d'El Watan et d'Echourouk El Yaoumi.