Profil n La victime classique des ravisseurs est souvent une personne aisée ou ayant un rapport avec le milieu des affaires (des industriels, des hommes d'affaires, des importateurs, des entrepreneurs…). Depuis deux ans, le kidnapping a pris des proportions alarmantes et touche de nombreuses régions du pays. Cette pratique a débuté dans le milieu des années 1990. Les groupes terroristes, à leur tête le Gspc, se sentant menacés après la confiscation par l'Etat des différentes sources de financement (associations caritatives, aides étrangères, comptes bancaires…), ont eu recours à cette pratique «lucrative» et efficace. En effet, depuis 2001, il ne se passe pas une semaine sans qu'un cas d'enlèvement soit signalé un peu partout en Algérie, surtout en Kabylie. Une pratique encouragée par la situation d'insécurité qui règne dans cette région. Les groupes terroristes, ayant adopté ce procédé, ont pu facilement et rapidement dépasser cette crise de ressources financières et même passer à une autre étape plus dangereuse de terrorisme (les opérations kamikazes), car il ne faut pas oublier que pour ces opérations spéciales, il faut une préparation logistique et matérielle importante (procuration de véhicules, d'explosifs…). Mais le recours à cette pratique par les groupes terroristes a une autre explication : la volonté d'enrichissement personnel de leurs chefs qui essayent ainsi de préparer l'après-terrorisme. Certains avancent même qu'ils roulent dans des voitures luxueuses et détiennent des boîtes industrielles ainsi que de l'immobilier et des locaux au nom de leurs familles pour éviter tout soupçon … Le kidnapping suivi d'une demande de rançon ne concerne cependant pas uniquement les riches commerçants et les industriels. L'ex-Gspc, actuellement affilié à Al-Qaîda, a déjà usé de cette pratique en ciblant des touristes occidentaux et des hommes politiques algériens certainement pour garantir une rançon conséquente. En juillet 2001, Abderrazak El-Para, alors émir de la région 5 (est du pays), avait enlevé le sénateur Mohamed Bediar à Tébessa et l'avait libéré par la suite après que sa famille eut payé une somme de 300 millions de centimes. Le même chef terroriste avait mené l'opération d'enlèvement de 31 touristes occidentaux, dont la libération a nécessité le paiement, par le gouvernement allemand, d'une somme de 5 millions d'euros. Cet argent a servi pour de nombreuses opérations d'achat d'armes, dont une partie aurait été acheminée vers les maquis du Gspc.