Au-delà de l?émoi qu?il a jeté au sein de la population, l?enlèvement d?un entrepreneur et la demande élevée de rançon par les ravisseurs plongent la région dans une nouvelle période d?incertitude sur tous les plans. Prenant des proportions alarmantes, le phénomène du banditisme a même évolué en matière de procédés. Après avoir recouru, vers la fin de la décennie noire, au racket en dressant des faux barrages, ce qui a souvent créé une certaine confusion entre les actes terroristes et ceux relevant du banditisme, les groupes activant dans la région sont passés au hold-up. Au moins une dizaine d?agences postales (Beni Aïssi, Freha, Aït Oumalou, Mizrana, Yattafen, Beni Zmenzer?) et bancaires (Tizi Ouzou «Nouvelle-ville», Aïn El-Hammam, Azazga?) ont été visitées par des groupes armés qui se sont emparés de grosses sommes d?argent. Parallèlement à ces actes, la wilaya de Tizi Ouzou a enregistré quelques attaques contre des transports de fonds. La méthode consistait à enfouir sous terre, sur le passage des véhicules, un engin explosif actionné à distance. Une méthode qui n?a pas été très efficace. Rappelons l?échec de l?attaque contre un convoi de fonds, à Tigzirt. Les convoyeurs ont réussi à prendre la fuite et s?en sont sortis indemnes. L?attaque d?un autre convoi à Larbaâ Nath Irathen s?est soldée par la destruction du véhicule blindé. Les convoyeurs sont morts dans l?explosion et l?argent qu?ils acheminaient vers une agence bancaire à Aïn El-Hammam a été entièrement brûlé. A émergé ensuite le trafic de véhicules. Plusieurs réseaux se sont organisés au niveau de la wilaya, des ramifications de réseau plus importants couvrant plusieurs wilayas dont Tlemcen et Mostaganem. Les chauffeurs de taxi ont été les premiers à payer de leur vie. Les agresseurs agissent en petits groupes de 2 à 3 personnes et recourent souvent à l?utilisation de couples. En cours de route, la malheureuse victime est poignardée à mort et jetée dans un ravin ou un oued et son véhicule vendu après avoir été «maquillé» ou écoulé en pièces détachées. Les trafiquants de véhicules se sont même emparés d?engins appartenant à des APC ou à des organismes étatiques. Le plus intrigant est celui du vol de deux bennes tasseuses dans la commune de Tizi Ouzou, ou quatre autres à Azeffoun. Plusieurs réseaux ont été démantelés par les services de sécurité dans la région. Ces derniers temps, est apparu le phénomène des kidnappings avec demande de rançon. Le premier qu?a eu à enregistrer la wilaya de Tizi Ouzou est l?enlèvement, dans la nuit du 31 décembre 2005, du propriétaire d?un bar à Iflissen. Deux jours plus tard, les ravisseurs, qui, la nuit de l?enlèvement, se sont emparés de 250 millions de centimes, ont contacté la famille du kidnappé pour réclamer une rançon de 750 millions de centimes. Somme qui a été remise aux concernés et ledit propriétaire du bar a été libéré contre un montant global d?un milliard de centimes. Les circonstances de cette affaire ne sont pas encore élucidées. Moins de quatre mois plus tard, Tizi Ouzou a enregistré un deuxième cas de kidnapping. Le plus jeune des frères de l?une des plus importantes entreprises de travaux publics, au niveau national, en l?occurrence l?Etrhb-Haddad qui contracte même des marchés internationaux, a été enlevé dans la soirée de mardi sur la route reliant Freha à Azeffoun. Meziane Haddad, la victime était à bord de son véhicule (une 406) qui a été retrouvée abandonnée près d?un centre commercial sur la route de Tizi Rached. Avant-hier, jeudi, les ravisseurs ont réclamé une rançon de pas moins de 25 milliards de centimes. Il faut noter que dans la wilaya de Boumerdès et dans les localités limitrophes de Tizi Ouzou dont Baghlia et Dellys des cas de kidnapping ont été enregistrés et les personnes enlevées ont été libérées contre le versement par leurs familles de rançons. L?enlèvement de Meziane Haddad est le kidnapping le plus important à l?actif des bandits qui n?ignorent, certainement pas, le poids de l?Etrhb dans l?activité économique. Cela dit, la situation sécuritaire en Kabylie à laquelle il faut ajouter plusieurs réseaux de drogue, de prostitution, des agressions contre les personnes et les biens qui sont devenus monnaie courante, se dégrade dangereusement et le plan spécial annoncé par le ministre de l?Intérieur et des Collectivités locales, pour faire face à ce qu?il a qualifié de «situation anormale», se fait toujours attendre. Kidnapping de Meziane Haddad Les ravisseurs exigent 25 milliards de centimes l Deux jours après l?enlèvement, mardi dernier, sur la route reliant Fréha à Azeffoun, du jeune frère du gérant de l?Etrhb, en l?occurrence Meziane Haddad, les ravisseurs ont contacté avant-hier la famille. Selon des sources sûres, les auteurs du kidnapping ont joint, jeudi dans la matinée, la famille Haddad pour lui réclamer une rançon de pas moins de 25 milliards de centimes contre la libération de Meziane. Nos sources précisent que les ravisseurs se sont contentés d?informer la famille Haddad du montant de la rançon sans fixer de délai et sans préciser la manière dont l?argent doit être remis. La famille sera informée de ces détails ultérieurement, ajoutent nos sources.